En 2013, trois salariés de Sanofi avaient fait reconnaître par le tribunal des Prudhommes l'utilisation abusive de CDD par l'employeur. Un salarié, encore en CDD au moment du jugement, est aujourd'hui reclassé. Les deux autres, qui n'étaient plus à l'effectif, avaient obtenu 80 000 euros d'indemnités, dont 50 000 au titre de préjudice subi. Mais la direction de Sanofi avait fait appel de ce jugement et saisi le tribunal des référés afin de ne pas verser à chacun les 50 000 euros tant que le jugement en appel n'était pas prononcé.

Le 9 avril, le tribunal des référés a renvoyé ce jugement à 2016, tout en exigeant de la direction de Sanofi le versement immédiat des indemnités aux salariés.

Sanofi, qui engrange chaque année des milliards de bénéfices, multiplie les restructurations et fermetures de sites, supprimant des milliers d'emplois. La précarité est grande sur tous les sites et lui sert de variable d'ajustement pour restructurer, tout en continuant à produire, au mépris des conditions de travail et de vie des salariés. Certains ont ainsi été employés en CDD jusqu'à cinq ou sept ans sur différents sites, avec plusieurs années sur le même poste.

Sanofi, se croyant au-dessus des lois, s'assoit sur le peu de droits imposés par le Code du travail. Ce rappel à l'ordre du tribunal, petite victoire juridique, est un encouragement pour 70 autres salariés ex-CDD de Sanofi. Ceux-ci ont attaqué aux Prudhommes, pour certains il y a bientôt trois ans, pour les mêmes motifs, et l'audience se tiendra le 16 juillet. Récemment, à Rouen, 27 salariés précaires du site de Pasteur Val-de-Reuil ont ainsi été requalifiés en CDI par les Prudhommes. Sanofi use et abuse de la précarité, et c'est la moindre des choses qu'il soit condamné à payer.