Les dangers de l'amiante étaient connus depuis des décennies, mais il fallut attendre 1997 pour que son emploi soit interdit. Pour les constructeurs, et surtout leurs donneurs d'ordres, l'important était de construire vite et à bon marché, et l'amiante revenait moins cher que d'autres matériaux présentant les mêmes caractéristiques d'isolation.

Une fois ce constat dressé, que va-t-il se passer ? Rien, car le désamiantage, estimé à 50 000 euros par appartement, reviendrait trop cher. Les sociétés d'HLM ainsi que les collectivités locales attendent donc que les bâtiments soient suffisamment vieux et dégradés pour les détruire. De toute façon, il manque déjà au moins un million de logements sociaux pour répondre aux besoins de la population, et il serait impossible de reloger les familles si des travaux de désamiantage étaient entrepris à grande échelle.

La loi n'oblige pas non plus les propriétaires d'immeubles à effectuer ces travaux, sauf en cas d'exposition directe aux fibres d'amiante, causée avant tout par la dégradation des coffrages destinés à les confiner. Mais les contrôles sont notoirement insuffisants, y compris dans les bâtiments publics comme les écoles ou les universités, comme l'a déploré la juge Bertella-Geffroy. Celle-ci se heurte depuis des années à la mauvaise volonté des pouvoirs publics quand il faudrait s'en prendre à tous ceux qui ont tiré profit de l'usage de l'amiante, à commencer par le groupe Eternit.

Le coût humain et social découlant de l'utilisation de l'amiante, lui, n'a pas été chiffré. Que des milliers de personnes soient atteintes d'asbestose, condamnées à terme, avec tous les frais liés aux soins que cela entraîne, ne compte pas pour les capitalistes qui sont aux commandes de l'économie.