La libération des otages français : Hollande et ses responsabilités dans le chaos syrien23/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2386.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La libération des otages français : Hollande et ses responsabilités dans le chaos syrien

La libération de quatre journalistes français retenus en otages en Syrie a donné à François Hollande l'occasion d'apparaître en sauveur. Il les a accueillis à l'aéroport militaire de Villacoublay, flanqué de son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et surtout entouré de nombreux micros et caméras face auxquels il a affirmé : « La France est fière d'avoir pu obtenir qu'ils soient libres aujourd'hui. »

La déclaration de l'un des otages, le reporter d'Europe 1 Didier François, affirmant : « Nous avons de la chance d'être français, en France on n'abandonne pas les otages », a aussi été largement reprise par les médias, et portée au crédit du chef de l'État. On a assisté à de telles scènes à chaque libération d'otage, celles-ci étant pour le président de la République en place l'occasion de faire valoir son action, mais aussi par la même occasion de masquer sa responsabilité dans la situation du pays où les otages étaient retenus.

En Syrie, les quatre journalistes ont été enlevés il y a dix mois par un mouvement djihadiste, l'État islamique en Irak et au Levant, un groupe armé qui fait subir à la population syrienne des exactions aussi féroces que celles du régime de Bachar el-Assad. Ce mouvement a été créé en 2012 à partir d'al-Qaïda en Irak. Il impose dans les territoires qu'il occupe une véritable terreur, sous prétexte d'appliquer la loi islamique, et est d'ailleurs entré en conflit armé avec les autres mouvements intégristes.

Le développement de ces bandes armées est un résultat de la politique menée par les États-Unis, et soutenue par les impérialismes de moindre envergure comme la France. Après l'écrasement par le régime de Bachar el-Assad des manifestations populaires du printemps 2011 contre sa dictature, les États-Unis ont misé sur le développement de ces groupes armés et ont donné le feu vert à leurs alliés pour les armer et les financer. Les États du Golfe ainsi que la Turquie ont bien entendu favorisé le développement de mouvements intégristes, ce qui ne pouvait échapper aux dirigeants occidentaux. Cette politique a réussi à transformer en quelques années l'ensemble de la Syrie en un enfer où ceux qui n'arrivent pas à quitter le pays sont pris entre la répression sanglante menée par le régime et les exactions des différents groupes armés. Partout, il n'y a que la guerre, celle que mènent les troupes de Bachar el-Assad, mais aussi celle que se font entre eux les groupes armés rivaux. Le peuple, qui aspirait à plus de liberté, n'a plus aujourd'hui le choix qu'entre plusieurs dictatures.

Le François Hollande qui plastronne aujourd'hui à l'occasion de la libération des otages était prêt, il y a quelques mois, à une intervention militaire en Syrie, qui aurait encore aggravé la situation mais qu'Obama a préféré éviter. Mais ni l'un ni l'autre ne feront oublier leurs responsabilités dans le chaos qui y règne aujourd'hui.

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