Hôpitaux : Malades de la voracité des banques23/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2386.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : Malades de la voracité des banques

La Cour des comptes a publié un rapport alarmant sur l'endettement des hôpitaux, qui a triplé, dit-elle, en l'espace de dix ans, la dette atteignant 30 milliards d'euros pour l'ensemble des hôpitaux du pays. Celle de l'hôpital de Chalon-sur-Saône, une des plus importantes, équivaudrait à 130 % de ses ressources annuelles.

Ce rapport a sans doute comme objectif de préparer l'opinion à de nouvelles mesures concernant le budget de la Sécurité sociale. Cela étant, il est permis de se demander pourquoi les hôpitaux ont dû emprunter aux banques, alors que la santé est censée être un service public.

La bourgeoisie cherche, et plus encore avec la crise, à récupérer à son profit une part croissante de l'argent dépensé pour la santé publique.

Les budgets des hôpitaux et de la santé devraient augmenter en fonction des progrès médicaux, et donc de l'apparition de matériel plus performant et plus coûteux, ainsi que pour permettre l'augmentation des salaires du personnel. Mais les gouvernements successifs n'ont eu de cesse d'imposer des restrictions budgétaires toujours plus drastiques. La conséquence est que les crédits se retrouvent en deçà des dépenses réelles des hôpitaux, certaines étant incompressibles.

L'endettement des hôpitaux trouve son origine dans la mise en place en 2003 d'un plan dit de « soutien à l'investissement immobilier », qui programmait d'importants travaux de modernisation, le plan Hôpital 2007. Faute de crédits des pouvoirs publics, et sous leur pression, les hôpitaux ont dû s'adresser aux banques. Alors que leur endettement, globalement, représentait au plus 10 % de leurs investissements avant 2003, en 2008-2009 il en représentait jusqu'à 50 %.

La loi Bachelot de 2009 a prolongé et encore aggravé cette situation. En modifiant la comptabilité de l'hôpital avec la « tarification à l'activité », afin de rendre chaque établissement autonome sur le plan financier, elle a fait exploser les déficits de nombreux hôpitaux. Mais elle a aussi mis en place les partenariats public-privé qui ont permis au secteur privé d'utiliser, pour son propre compte, les locaux et le matériel publics, ce qui augmente les dépenses de l'hôpital public sans rentrées correspondantes. Cette loi a abouti à livrer l'hôpital public aux requins de la finance, qui ont prêté aux hôpitaux en difficulté, avec souvent des taux d'intérêt fluctuants au gré de la spéculation. L'État intervient d'ailleurs comme garant, quand certaines banques rechignent à continuer à financer des hôpitaux trop endettés et donc mal notés par les banquiers.

Le PS au pouvoir n'a pas cherché à mettre fin à cette situation. La ministre de la Santé de Hollande, Marisol Touraine, a certes dénoncé la loi Bachelot lors de sa prise de fonction. Mais elle a transmis aux hôpitaux des objectifs d'économies supplémentaires à réaliser, contribuant à aggraver la situation.

Ainsi, la responsabilité de l'endettement croissant des hôpitaux ne vient pas tant de la gestion des dirigeants hospitaliers, même quand ils peuvent, ici ou là, y avoir leur part : elle découle de toute la politique des gouvernements successifs.

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