Seita-Imperial Tobacco : Non aux licenciements !23/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2386.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Seita-Imperial Tobacco : Non aux licenciements !

Le 15 avril, en apprenant le projet de fermeture de leur usine Seita, à Carquefou près de Nantes, les 330 travailleurs se sont mis en grève, bloquant la production de ce site capable de fabriquer 12 milliards de cigarettes par an.

À l'usine de Riom, dans le Puy-de-Dôme, le personnel a été très choqué de cette mesure et, par solidarité, il y a eu des arrêts de travail dans les trois équipes. C'est que tous craignent d'autres suppressions de postes et des licenciements dans un avenir proche. Personne n'a oublié les dégâts du dernier plan social, il y a à peine cinq ans. L'effectif a alors été diminué de moitié, pour tomber à 235 actuellement. De ce site sortent huit milliards de cigarettes par an, soit 35 millions par jour ou 10 000 par minute !

Ces arrêts de travail sont aussi pour protester contre la fermeture de plusieurs autres sites Seita, laquelle est devenue une filiale d'Imperial Tobacco, un des plus grands trusts mondiaux du tabac.

Selon les dirigeants de ce groupe, la raison serait que la consommation de cigarettes aurait diminué en France, suite notamment à la hausse du prix des paquets de cigarettes. Or cela est largement compensé par l'augmentation de la consommation mondiale. D'où les profits énormes d'Imperial Tobacco, ainsi que de ses concurrents : 3,85 milliards d'euros en quatre ans, dont plus d'un milliard l'an dernier.

Mais la voracité des actionnaires n'a pas de limites. Ils voudraient réaliser 365 millions d'économies par an en diminuant encore les emplois. C'est ce qu'ils appellent « sauvegarder la compétitivité ». Alors, les fermetures de sites se succèdent, à Strasbourg et à Lille, où une partie du personnel, pour éviter le chômage, a dû partir à Nantes.

En ce moment, en plus de Carquefou, c'est le centre de recherche de Bergerac en Dordogne, avec une trentaine d'emplois, qui va fermer. À Fleury-les-Aubrais dans le Loiret et au siège parisien, des suppressions de postes sont également programmées. Un tel plan de restructuration va entraîner la suppression de 366 emplois sur 1 150 en France, soit pratiquement un sur trois. Il faudrait compléter la liste avec Nottingham, dans la banlieue de Londres, où plus de 500 travailleurs vont être licenciés dans les semaines qui viennent, et ce site fermera lui aussi. Ce qui fait dire à des travailleurs de Carquefou : « On ne vaut pas plus cher que ce que l'on fabrique, des clopinettes. »

C'est d'abord sous la forme d'une rumeur que la CGT a annoncé une partie de ce qui se tramait. Puis, la veille de la tenue officielle du comité central d'entreprise, des journalistes l'ont publié, sûrs de leur source d'information. C'est cela aussi qui a choqué les travailleurs, au vu du mépris des patrons envers eux, les premiers concernés mais les derniers informés.

D'après les estimations syndicales, le chiffre d'affaires à Riom serait d'environ 750 000 euros par jour. Les frais (transport du tabac, entretien des machines) sont de l'ordre de 180 000 euros. Pour s'occuper d'une seule machine -- il y en a douze à Riom -- il faut trois ouvriers, dont le salaire quotidien est d'environ 600 euros pour les trois. Ainsi on peut mesurer les bénéfices considérables récupérés par Imperial Tobacco. Mais ce que l'État empoche par les taxes est aussi une véritable manne. Cette priorité-là passe bien avant les campagnes anti-tabac censées protéger la santé publique.

Ainsi le marché du tabac est en bonne santé, même si celui-ci détruit la santé des fumeurs. Si les travailleurs ne tiennent nullement à encourager le tabagisme, en revanche ils tiennent à avoir un emploi et un salaire, et ils en ont assez de subir les mesures désastreuses dues à la rapacité des patrons et des actionnaires.

La riposte se prépare, avec un projet de manifestation, à Nantes ou à Paris, qui regrouperait le personnel des différents sites. Cela pour exiger du gouvernement une loi qui interdise à toutes les entreprises réalisant des bénéfices de supprimer des emplois.

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