Espagne - La réforme du droit du travail de Rajoy : Tout à jeter, rien à négocier22/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2273.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - La réforme du droit du travail de Rajoy : Tout à jeter, rien à négocier

Il aura décidément fallu bien peu de temps pour que le gouvernement de droite de Mariano Rajoy, arrivé au pouvoir en Espagne il y a deux mois, montre son vrai visage. Après avoir surfé sur les désillusions provoquées par la politique de la gauche, qui a fait supporter tout le poids de la crise aux classes populaires, les dirigeants du Parti populaire ont montré qu'ils étaient capables d'une politique plus antisociale encore, avec leur plan dit de « réforme du travail ».

Le gouvernement et la droite unanimes ont adopté une loi qui rend les licenciements plus faciles et quasiment deux fois moins chers pour le patronat que par le passé. Elle entérine le principe de la baisse des salaires à court terme et toutes les restrictions budgétaires des collectivités locales, allant des gouvernements des différentes « autonomies » régionales aux municipalités. Les licenciements seront aussi considérés comme recevables dans le secteur public au seul motif des restrictions budgétaires.

Partout les patrons pourront réduire les salaires, sans même justifier de pertes ou d'un accord quelconque avec les organismes syndicaux. Selon le décret, il suffira d'avancer que « les raisons sont liées à la compétitivité, la productivité » ou à « l'organisation technique ou du travail de l'entreprise ». La précarité sera institutionnalisée pour tous les nouveaux contrats.

Ce sera « Aux parents, le licenciement facile et pas cher ; aux enfants, l'embauche à bas prix », comme l'a résumé un slogan. L'appel des syndicats à manifester le dimanche 19 février a été largement suivi. Des millions de travailleurs, de jeunes, d'étudiants issus des milieux populaires ont défilé pour crier leur refus de la réforme du travail. Il y a eu plus de manifestants encore que lors des manifestations des indignés il y a sept mois.

Pourtant, il y a eu toutes les déceptions engendrées par les années de gouvernement de gauche de Zapatero et il y a toujours les compromissions des directions des syndicats majoritaires qui, en même temps qu'ils appellent à manifester, voire à faire grève, ne souhaitent que l'ouverture de négociations. Mais les syndicats ont ouvert un peu les vannes de la contestation, et c'est tant mieux. Leurs limites ne sont pas celles des aspirations du monde du travail et des classes populaires, ni celles de la jeunesse qui a peut-être déjà perçu les limites de la simple « indignation ».

À Valence, à Madrid, et demain sans doute ailleurs, les dirigeants de la droite musclée répondent par la répression policière. À Valence, on n'aurait plus le droit de manifester. Le gouvernement parle aussi de limitation du droit de grève. Mais si les grèves se développent et se généralisent, que pourra-t-il faire ?

Il ne faut pas accepter de payer la crise provoquée par les banquiers. Il faut dire un non résolu à la réforme du droit du travail, un non tout aussi résolu aux licenciements et à la précarité, un non à l'avenir que ces gens préparent.

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