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Editorial
Élection présidentielle : Affirmer les exigences des travailleurs
« La France forte », voilà le slogan de campagne trouvé par les publicitaires de Sarkozy pour vendre une marchandise dont la cote n'est pas terrible. Ils n'ont pas dû se creuser beaucoup la cervelle puisque Giscard s'était déjà servi de ce slogan en 1981, sans que cela lui porte bonheur.
L'expression est creuse, mais elle est censée suggérer que seule une « France forte » peut protéger la population de la crise mondiale. Trois millions de chômeurs au bas mot - deux fois plus si on compte ceux qui n'ont qu'un emploi intermittent et mal payé -, le recul des retraites, la perte continue du pouvoir d'achat des salaires : assurément, ce n'est pas cette France-là dont parle Sarkozy.
Mais il est vrai qu'il y a l'autre France, celle des banquiers que le gouvernement a su dépanner de plusieurs dizaines de milliards en quelques heures lors de l'éclatement de la crise financière, celle des grands bourgeois dont la fortune n'a cessé de croître malgré la crise.
Pour les salariés, Sarkozy n'a qu'une phrase de consolation : « Sans moi, cela aurait été pire ». Et prière de le croire sur parole !
Sarkozy ne doit pas se faire trop d'illusion sur sa capacité à gagner des électeurs supplémentaires dans le monde du travail. Mais là n'est pas son problème immédiat. Ce qu'il vise pour le moment, c'est assurer ses arrières au premier tour et tenter de regagner une fraction de l'électorat de droite qui hésite entre lui et Marine Le Pen. D'où une campagne « à droite, toute ! » pour séduire un électorat pour qui les chômeurs le sont parce qu'ils ne veulent pas travailler, pour qui les travailleurs dans les services publics sont des fainéants, pour qui les salariés qui revendiquent ruinent le pays. Pour faire bonne mesure, Sarkozy ajoute des couplets contre les travailleurs immigrés, quelques notes vibrantes sur la « grandeur de la France » et, évidemment, un appel à l'union nationale. Oh, que la France serait belle si les ouvrières conditionneuses de L'Oréal se serraient les coudes derrière madame Bettencourt et si les travailleurs de Peugeot-Citroën ressentaient de la reconnaissance pour les membres de la famille Peugeot qui se prépare à les jeter à la rue !
Le premier tour dira l'efficacité de la campagne de Sarkozy pour arriver en tête du concours entre l'extrême droite de Le Pen et la droite extrême de Sarkozy, Guéant et compagnie. Les deux sont des ennemis déclarés des travailleurs, même si, pour glaner des voix, Marine Le Pen se permet quelques couplets démagogiques contre la finance, assortis de beaucoup de crasse réactionnaire.
Mais cela ne fait pas pour autant de Hollande un ami des travailleurs. Le candidat du PS ne voudra pas, n'osera pas prendre la moindre mesure contraignante contre le grand patronat, les banquiers, les maîtres de l'économie. Or, sans de telles mesures contraignantes, à commencer par l'interdiction des licenciements, il n'est pas possible d'empêcher le monde du travail de sombrer dans le chômage et la pauvreté.
Les candidats qui ont une chance d'accéder à la présidence de la République ont une chose en commun : ils gouverneront en fonction des intérêts des groupes capitalistes qui dominent l'économie.
Les travailleurs n'ont pas à espérer que le changement à la tête de l'État les protège en quoi que ce soit face à la crise et contre l'avidité du patronat. L'élection présidentielle permet néanmoins de s'exprimer. Encore faut-il le faire, encore faut-il affirmer une politique en faveur des travailleurs, face à tous les candidats qui se présentent au nom d'une politique en faveur de la bourgeoisie !
Lutte Ouvrière présente Nathalie Arthaud à l'élection présidentielle, au nom d'un programme de lutte visant à préserver les seules choses qui permettent aux travailleurs de vivre : leur emploi et le pouvoir d'achat de leur salaire.
Contre le chômage, il faut imposer l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous avec maintien du salaire et l'embauche par l'État dans les services publics utiles à la population.
Contre le recul incessant du pouvoir d'achat, il faut imposer la hausse générale des salaires et des retraites et leur indexation sur les hausses de prix, contrôlées par les travailleurs eux-mêmes.
Contre la dictature des groupes financiers, il faut imposer le contrôle des travailleurs sur les comptes des entreprises.
Voter pour Nathalie Arthaud est la seule façon d'affirmer son accord pour ces objectifs. Cela ne remplace pas les luttes, mais cela peut contribuer à faire avancer ces idées dans les têtes et dans les consciences.
Éditorial des bulletins d'entreprise du 20 février