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Leur société
Gros revenus : Maquillage et poudre aux yeux
« La rémunération des patrons est un sujet émotionnel, que je comprends », a déclaré au Journal du Dimanche du 19 février Jean-Paul Agon, PDG de L'Oréal. Ce monsieur est donc non seulement le PDG de France le mieux payé, avec 10,7 millions d'euros en 2010, soit près de 600 fois le smic annuel, mais pour ce prix-là, en plus, on a un « émotif ».
L'été dernier, avec quinze autres grands patrons, il avait appelé dans Le Nouvel Observateur à l'instauration d'une « contribution exceptionnelle » des riches de son espèce. Comme l'on venait d'apprendre que la rémunération moyenne (4,11 millions d'euros) des dirigeants des grandes entreprises du CAC 40 avait bondi de 34 % en un an, ils avaient encore de quoi voir venir. Et en se disant prêts à faire un geste, ces grands « émotifs » pouvaient penser désamorcer la colère des petits, ceux à qui l'on impose toujours plus de sacrifices.
Le PDG de L'Oréal récidive donc en expliquant, cette fois au Journal du Dimanche, qu'il veut supprimer les stock-options au sein de son groupe. Ce système, qui permet aux hauts cadres et dirigeants d'entreprise de se voir attribuer des actions à prix bas, qu'ils peuvent revendre quand les cours grimpent, en empochant sans risque un énorme bonus, a mauvaise presse auprès du public, constate Agon. Et pour cause ! Lui-même a ainsi encaissé pour 6,8 millions d'euros en 2010, excusez du peu quand on compare cela aux salaires en berne de millions de salariés.
Eh bien, puisque « les stock-options polluent le débat, dit-il, nos managers recevront des actions gratuites si l'entreprise a atteint certains critères de performance. C'est plus transparent et moins aléatoire. » En clair : cela choquera moins (espère-t-il) et cela rapportera plus sûrement !
Mais pendant que ce monsieur « dépollue le débat » sur ce qu'empochent les hauts cadres, bref amuse la galerie, les véritables patrons de L'Oréal, ses principaux actionnaires et propriétaires, telle Liliane Bettencourt, restent dans l'ombre, eux et leurs revenus colossaux.
Les dividendes de ces gens-là pour 2011 viennent de leur être versés : ils ont augmenté de 11 %. Et sans qu'ils aient rien eu à faire d'autre que laisser les Agon et compagnie gérer leurs affaires pour leur compte : en exploitant leurs salariés, et en racontant des bobards aux journaux.