Financement des syndicats : Drôle de rapport22/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2273.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Financement des syndicats : Drôle de rapport

Le Point a publié le 16 février un rapport parlementaire sur « les mécanismes de financement des organisations syndicales d'employeurs et de salariés », que les députés avaient souhaité ne pas rendre public.

Sur le financement des syndicats de salariés, il montre que l'intégration de leurs appareils à celui de l'État, par le biais du paritarisme par exemple, leur assure des ressources qui les rend de plus en plus indépendants de leurs syndiqués. Ce n'est pas nouveau. Mais le rapport n'hésite pas à noircir le tableau. Il évalue en effet entre 6 et 8 % la part de leurs ressources émanant des cotisations des syndiqués. Sauf que, pour arriver à ces chiffres, complaisamment repris par la presse, le rapport comptabilise comme une ressource des syndicats les décharges horaires des représentants du personnel et la mise à disposition de locaux et de moyens prévus par le code du travail.

Les auteurs du rapport calculent ainsi qu'à raison de 52 millions d'heures de délégation par an, et d'« un coût horaire moyen du travail de l'ordre de 30 euros », les seules décharges horaires des représentants du personnel représenteraient pour les syndicats une ressource « extérieure » de 1,6 milliard d'euros. Faire de ces droits, de ces décharges horaires qui, en dernière analyse, ont été imposés au patronat, l'équivalent d'une subvention est aberrant, mais ce n'est pas neutre. C'est affirmer que les syndicats en définitive n'auraient guère d'influence et que, si le patronat leur coupait ces possibilités d'existence, ils ne survivraient pas. Mais ce serait compter sans la réaction des travailleurs et, pour les patrons, prendre un peu trop leurs désirs pour la réalité.

Quant au financement des organisations patronales, le rapport n'apporte aucune révélation. Il s'en prend au Medef, pour la part du lion qu'il s'attribue sur les fonds du paritarisme, les fonds de la formation professionnelle par exemple. De même, il met en cause le syndicalisme agricole, et au premier chef la FNSEA, pour son rôle dans la gestion des différents dispositifs d'aide aux agriculteurs et la façon dont elle en joue pour recruter des adhérents. Il faut bien, quand on fait un rapport, paraître impartial. Mais là, on peut parier que personne ne suggérera de remettre en cause ces « subventions » au monde patronal.

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