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- Lutte ouvrière n°2240
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Dans les entreprises
PSA -- Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : Les travailleurs veulent marquer le coup avant les congés
Suite à divulgation par la CGT de documents PSA préparant la fermeture de l'usine d'Aulnay, de Sevelnord et de Madrid, la direction se prend les pieds dans des déclarations contradictoires. Le ministre de l'Industrie reçoit les élus locaux, et dans les ateliers les discussions continuent.
En une semaine, la direction de PSA a soufflé le chaud et le froid : le chaud, en direction des actionnaires, lorsque le directeur des marques a annoncé que 2011 allait être un cru historique en matières de ventes, qui devrait dépasser le record de l'an passé ; le froid, lorsque devant des journalistes le PDG, Varin, a déclaré que l'usine d'Aulnay « fabriquerait encore la C3 en 2014 »... mais refusé de répondre sur ce qui se passerait ensuite. Ce refus a été perçu par de nombreux travailleurs comme un nouvel aveu de la volonté de la direction de fermer l'usine.
À peu près au même moment, le maire d'Aulnay et cinq parlementaires du département ont été reçus par le ministre de l'Industrie, Éric Besson, qui n'avait rien à dire aux élus, sinon sa certitude que PSA resterait à Aulnay jusqu'en 2014... ce que tout le monde sait déjà, mais c'est la suite qui intéressait les travailleurs. Besson a simplement fait ce que tout ministre fait quand il n'a rien envie de faire : confier une mission, en l'occurrence réfléchir sur « l'avenir de la compétitivité de la filière automobile dans le 93 » -- au député UMP de la circonscription. Voilà qui ne risque pas de contrarier la direction de PSA, qui cherche elle aussi à gagner du temps. Quant à Sarkozy, il a annoncé la même semaine un nouveau cadeau de 750 millions d'euros à Renault et PSA, dans le cadre des « investissements d'avenir » !
Une ambiance qui change
Les vrais enjeux ne se situent évidemment pas dans ces réunions mais dans les ateliers de l'usine, où les discussions continuent. Depuis trois semaines, les militants organisent des réunions régulières pour donner les dernières informations et surtout pour que, tous ensemble, nous discutions de notre avenir et nous nous préparions à lutter contre les mauvais coups de la direction.
Pour beaucoup, cette fermeture représente le danger de plonger dans la misère, avec des crédits que l'on ne pourra plus payer et sans perspective de trouver un autre emploi quand on habite des régions déjà dévastées par le chômage.
Mais ce sentiment de se retrouver seul devant ces problèmes peut être dépassé lorsque l'on se réunit, que l'on se regroupe, que l'on met en commun nos aspirations, que l'on mesure notre nombre et notre détermination. C'est ainsi que l'on n'est plus des ouvriers individuels attaqués par un patron voyou, mais une force collective qui pourrait faire plier celui-ci. Pour cela il faudra passer par-dessus toutes les divisions mises en place par la direction depuis des années. Discuter entre techniciens et ouvriers, entre syndiqués SIA et syndiqués CGT, n'avait rien d'évident. Mais l'annonce de la fermeture rassemble devant un danger commun, et avec un objectif commun.
Maintenant, dans certains secteurs, dès qu'une réunion est annoncée, la nouvelle se transmet et l'habitude de se réunir commence à être prise. Rien que cela permet déjà de faire connaître à tous nos attentes. L'idée lancée par des militants syndicaux d'organiser quelque chose avant le départ en vacances, pour montrer au patron que l'on ne se laissera pas faire et qu'on se retrouvera en septembre, a été facilement comprise dans les ateliers. Lorsque les syndicats se sont réunis lundi 4 juillet pour discuter de la possibilité d'une grande AG commune à toute l'usine sur chaque équipe, ils savaient déjà que cela correspondait à l'attente d'une majorité d'ouvriers et n'ont donc pas eu trop de mal à se mettre d'accord sur cette action. Et quand les militants sont venus annoncer l'action aux ouvriers, la seule question que ceux-ci posaient était : « À quelle heure ? »
Pendant ce temps, la direction met en place ses nouvelles répartitions pour essayer d'augmenter la production de quinze voitures par équipe. La vitesse de chaîne a été accélérée mais le quota de voitures n'est pas fait. PSA voudrait faire produire le plus possible de voitures aux ouvriers, rentabiliser au maximum les installations, jusqu'à la dernière minute... avant de mettre tout le monde dehors.
Cette logique, il nous faudra la combattre et la repousser : on peut continuer à produire à Poissy et à Aulnay, en répartissant les productions sur les deux usines. Cela rapporterait moins aux actionnaires, mais cela permettrait de maintenir tous les emplois et de limiter les cadences. C'est la seule chose qui nous importe.