Apprentis dès 14 ans : Une régression de plus06/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2240.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Apprentis dès 14 ans : Une régression de plus

Les parlementaires ont adopté fin juin un projet de loi autorisant l'apprentissage des jeunes « âgés d'au moins 15 ans au cours de l'année civile », c'est-à-dire dès 14 ans pour ceux qui sont nés en fin d'année, à condition qu'ils aient terminé leur classe de 3e . Depuis 1961, l'obligation scolaire est de 16 ans. On assiste donc à un retour en arrière de cinquante ans.

Certes, des formules d'apprentissage ou de pré-apprentissage existaient déjà, mais elles se faisaient sous la direction de l'Éducation nationale, qui veillait par ailleurs à ce que les apprentis aient aussi les connaissances générales venant à l'appui de leur expérience professionnelle. Des dérogations exceptionnelles pouvaient aussi être accordées, mais elles étaient minimes.

Cette loi permet donc la généralisation de l'apprentissage. Mais cela ne veut pas dire pour autant que tous les jeunes voulant suivre cette voie trouvent un patron prêt à les embaucher. Si l'apprentissage offre des avantages salariaux aux patrons, il les oblige à certaines contraintes, notamment celle de former des jeunes sans connaissances ni compétences d'aucune sorte. En outre, avec l'accroissement du chômage, les employeurs trouvent sans difficulté des jeunes ayant fait des études bien souvent au-delà du bac, c'est-à-dire déjà formés et qualifiés, donc immédiatement capables d'être bénéficiaires pour les entreprises, en les payant un salaire minimum.

En fait, cette loi a un double but : d'une part, s'adresser aux petits patrons, les principaux employeurs potentiels d'apprentis, pour leur monter qu'on cherche à les aider ; et d'autre part vider les classes d'élèves qui n'arrivent pas à se plier à une discipline scolaire, en supposant qu'ils sont assez mûrs pour se plier à une discipline professionnelle ! S'il y a moins d'élèves, eh bien, on supprimera encore plus de postes d'enseignants. Et tant pis si des milliers de jeunes se retrouvent à « galérer » faute de connaissances suffisantes et d'employeurs prêts à les embaucher.

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