Grèce : Le nouveau plan d'austérité contre la population06/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2240.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Le nouveau plan d'austérité contre la population

En Grèce, les 28 et 29 juin, au moment où le Parlement adoptait le nouveau plan d'austérité, les syndicats du secteur public (Adedy) et du secteur privé (GSEE) appelaient à 48 heures de grève. Les transports ont été paralysés ; les hôpitaux ne fonctionnaient que pour les urgences ; des banques et des pharmacies ont fermé leurs portes et les coupures d'électricité se sont multipliées.

Le 28 juin, en milieu de matinée, place Syntagma à Athènes, on comptait 20 000 manifestants, jeunes, retraités, étudiants, travailleurs, chômeurs, mais aussi des petits commerçants, touchés par les faillites et dont la fédération (EESE) proteste également contre les nouvelles mesures.

La population, déjà accablée par les taxes et la baisse de son niveau de vie, va encore être ponctionnée. Les impôts vont augmenter : impôts indirects comme la TVA qui, selon les produits, passera de 6,5 % à 13 % ou de 13 % à 23 % pour des produits alimentaires comme les boissons et les tarifs des services publics par exemple. Ce sera le cas aussi pour la taxe sur le fuel domestique, qui augmentera de 6 centimes le litre en octobre. Le seuil de non-imposition des impôts directs passera de 12 000 euros annuels à 8 000, sauf pour les jeunes de moins de 30 ans, les retraités au-delà de 65 ans et les handicapés. Pour les biens immobiliers, le montant non imposable passera de 400 000 à 200 000 euros, en tenant compte de la valeur actuelle du bien, ce qui, dans les grandes villes, peut concerner un bon nombre de propriétaires relativement modestes. Le gouvernement crée un prélèvement de solidarité de 1 % à 4 % sur les revenus à partir de 12 000 euros annuels. Il impose enfin une taxe professionnelle de 450 euros aux auto-entrepreneurs, dans un pays où le tout petit commerce a constitué une part importante de l'économie, même s'il est mis à mal par la crise.

L'État supprime 150 000 emplois, en ne remplaçant qu'un fonctionnaire sur dix partant en retraite pour cette année 2011 ; il prévoit de revenir à un sur cinq l'an prochain. Après les licenciements de précaires, il va renvoyer des fonctionnaires lorsque leurs établissements sont fusionnés ou supprimés. Officiellement le chômage est à 16 %, mais autour de 40 % pour les jeunes ; en réalité, si on tient compte du sous-emploi, on s'approche de 800 000 chômeurs pour une population active de moins de cinq millions.

Mais pas question pour le gouvernement de les dispenser de « l'effort » de redressement économique : les conditions d'attribution des allocations chômage vont se durcir, en particulier le nombre de jours de travail exigé dans les deux années, et non plus trois, précédant la demande d'allocation. Cela va pénaliser aussi les travailleurs saisonniers, quand ils auront travaillé ne serait-ce qu'un petit peu moins de six mois dans l'année. Or c'est le cas pour l'écrasante majorité des employés du secteur touristique.

Enfin l'État prévoit des privatisations de plusieurs dizaines d'entreprises publiques, en totalité ou en partie, et non des moindres : les chemins de fer (6 000 employés), la Banque postale (2 500), l'OTE (télécoms) qui compte 30 000 emplois, DEI (compagnie d'électricité) près de 22 000 emplois, DEPA (le gaz), la compagnie des eaux et les ports d'Athènes et de Thessalonique, les paris hippiques, la loterie, les casinos, la gestion des autoroutes, l'aéroport international d'Athènes. Toutes ces entreprises sont convoitées par des groupes étrangers (Deutsche Telecom, le PMU, EDF, etc.) qui exigeront qu'elles soient rentables et qui attendent que le gouvernement grec supprime le maximum d'emplois.

La population ne peut pas et ne veut pas payer pour les banquiers, les spéculateurs, les grands patrons, étrangers ou grecs, qui ont enfoncé le pays dans la crise. Des dizaines de milliers de salariés, de travailleurs, l'ont crié dans les rues, traitant les capitalistes et les politiciens à leur service de menteurs et de voleurs et exigeant le retrait du nouveau plan.

Mais les députés, à l'écoute des exigences du FMI et des ministres des Finances européens, qui eux-mêmes n'ont d'yeux que pour les agences de notation, c'est-à-dire pour les porte-parole des milieux financiers, ont dans le plus total mépris pour les manifestants voté à 155 sur 300 -- dont 154 du PASOK, le parti du Premier ministre « socialiste » George Papandréou -- ce nouveau plan d'austérité.

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