Michelin -- Clermont-Ferrand : Ça roule pour le patron et les actionnaires, Pas pour le personnel !06/07/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/07/une2240.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin -- Clermont-Ferrand : Ça roule pour le patron et les actionnaires, Pas pour le personnel !

À la tête du groupe Michelin depuis cinq ans, Michel Rollier vient d'annoncer qu'il partira dans quelques mois, tout en désignant son successeur et en empochant, au titre de l'année 2010, 4,5 millions d'euros.

Au conseil de surveillance de Michelin -- l'équivalent d'un conseil d'administration --siègent entre autres des représentants de la famille Peugeot et une certaine Laurence Parisot, la patronne du Medef. Rollier en est le n°1 en tant que principal cogérant. Avec une bonne dose de cynisme, il a expliqué à la presse : « Il faut savoir partir au bon moment. » Certes, avec la meilleure paie de tous les patrons du CAC 40, on peut songer à se retirer tranquillement des affaires !

Aux réactions critiques du personnel des ateliers et des bureaux, Rollier rétorque sans sourciller : « Mais, en 2009, je n'ai reçu que 744 000 euros », une modique somme qui représente une quarantaine d'années de salaire d'un travailleur à 1 300 euros par mois. C'est donc ce pauvre homme qui a tenu à désigner son remplaçant, Jean-Dominique Senard, jusqu'ici cogérant n°2, c'est-à-dire son bras droit.

Chez Michelin, comme dans les autres grandes multinationales, nul besoin d'être élu pour accéder aux commandes. Faire partie de la famille dirigeante et propriétaire, qui dispose d'une bonne part des actions, ouvre les portes. Ou bien, comme dans le cas de Senard, il faut pouvoir bénéficier d'une cooptation offerte par un membre de la famille dirigeante. Pour la première fois depuis l'existence de Michelin, il y a 130 ans, ce ne sera donc pas un membre de la famille qui sera au gouvernail. Jusqu'à présent le groupe était dirigé soit par des Michelin, soit par un membre de la famille Rollier, cousine des Michelin.

Michel Rollier a donc fait savoir, avant même la tenue de l'assemblée générale des actionnaires, que Senard le remplacera bientôt. « Il a toutes les qualités nécessaires », a-t-il affirmé. De son côté, le dauphin a dit qu'il avait tout à fait « les mêmes valeurs » que les Michelin eux-mêmes.

Et leurs valeurs se résument en milliards d'euros de bénéfices qui ne leur sont jamais suffisants. Ils veulent toujours plus de parts de marché sur tous les continents. Ils voudraient faire augmenter les volumes de ventes de 25 % d'ici 2015 et de 50 % avant 2020. On sait ce que cela veut dire pour les travailleurs : des cadences toujours plus fortes, de la fatigue, des risques pour leur santé. Cela est d'ailleurs reconnu publiquement. Une enquête sur les horaires de travail réalisée par 16 des 18 médecins du travail dans la Manufacture, c'est-à-dire l'ensemble des usines Michelin en France, révèle que les ouvriers en 4x8, en 3x8 ou en rotation tous les deux jours éprouvent des troubles du sommeil, une fatigue permanente, prennent des somnifères et ont une vie familiale déséquilibrée.

Tout cela est connu et se retrouve ailleurs, mais pour que des médecins de chez Michelin arrivent à ce constat, c'est bien que la situation est devenue invivable.

La direction a annoncé aux syndicats le montant de la prime d'intéressement : environ 1 000 euros. Elle est en baisse de 100 à 150 euros en moyenne par rapport à 2009. Pour les salariés, ce n'est pas le 1,4 % d'augmentation au 1er juin qui peut faire le compte. Lorsque Rollier prétend accorder 3,1 % et se montrer infiniment plus généreux que les autres patrons, il ment. Car beaucoup d'ouvriers toucheront nettement moins, les augmentations individuelles et arbitraires en représentant plus de la moitié.

À force d'étaler leur richesse et leurs revenus indécents obtenus par l'exploitation, les patrons devraient se méfier. Les pneus éclatent : la colère aussi.

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