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Maroc : L'unanimité n'est que de façade
Selon les chiffres officiels, 72,6 % des électeurs marocains ont participé le 1er juillet au référendum sur la nouvelle Constitution annoncée par le roi Mohammed VI et 98 % auraient voté oui. Les autorités marocaines se sont cependant gardées de préciser que, sur les 19,5 millions d'habitants recensés en 2009 comme étant en âge de voter, seuls 13 millions sont détenteurs d'une carte d'électeur qui leur a permis de se rendre aux urnes. Quelles qu'en soient les raisons, ce nombre réduit d'électeurs devrait imposer un bémol à l'autosatisfaction du gouvernement, d'autant que les manifestations n'ont pas été stoppées par le référendum.
« On peut parler d'une exception marocaine », s'est réjoui le ministre de l'Économie, exprimant par là un certain soulagement que le souverain marocain n'ait pas été conduit à s'esquiver, comme ses homologues tunisien et égyptien. Les manifestations ont cependant atteint le Maroc, à partir du 20 février. L'annonce d'une révision de la Constitution, le 9 mars, était destinée à calmer les choses, de même que la grâce accordée à 190 détenus politiques, le 14 avril. Mais les manifestations continuèrent, sévèrement réprimées.
La Constitution nouvelle réaffirme la place du souverain comme chef de l'État, avec le pouvoir de nommer les différentes autorités du pays, y compris les responsables des entreprises publiques. Des hommes politiques partisans de la nouvelle Constitution ont invoqué une certaine reconnaissance de la langue berbère (le tamazight), une promesse de l'introduire dans les programmes scolaires avait d'ailleurs déjà été faite par Mohammed VI en 2001. Mais n'est-ce pas, au mieux, dérisoire, alors que l'analphabétisme reste un fléau qui toucherait 40 % de la population ?
Il n'est pas étonnant qu'avec une telle réforme constitutionnelle le mouvement ne soit pas retombé. Le ministre de la Communication a eu beau saluer le résultat du référendum comme « une leçon magistrale » donnée au Mouvement du 20 février qui avait appelé au boycott du référendum, cela n'a pas empêché le succès de nouvelles manifestations au lendemain de la consultation, donnant l'espoir que le mouvement puisse parvenir à arracher des droits démocratiques nécessaires à l'expression de la contestation populaire.