Spéculer, ce n'est pas une vie... en tout cas, à lire certaines publications spécialisées dans le conseil aux spéculateurs (au petit pied).

Prenez l'or. C'est, dit-on, la « valeur refuge » par excellence en temps de crise, celle sur laquelle se jettent ceux qui ont de l'argent quand tout risque de s'effondrer. Lorsque les profits tirés de la production -- en fait, des ouvriers qui produisent -- ne progressent plus assez vite au goût des possédants, l'or s'envole.

Ainsi fin avril l'or, dont le prix ne cessait de grimper depuis des mois, avait atteint un sommet : 1 575 dollars l'once (1 080 euros pour 31,10 grammes d'or). Et, dans le monde des spéculateurs, beaucoup espéraient que cela allait continuer, la crise s'aggravant notamment en Grèce.

Mais patatras : les États européens ayant débloqué 100 milliards de plus pour, sous prétexte d'aider la Grèce, aider leurs financiers qui spéculent sur la dette de l'État grec, l'or a un peu perdu de son éclat aux yeux des spéculateurs. Et depuis des semaines il stagne entre 1 560 et 1 480 dollars l'once.

« Ciel ! Mon or se meurt... Faut-il s'inquiéter ? » se demandait ces jours-ci le site Internet L'édito matières premières & devises. Et de répondre : pas de panique. « L'automne, dit-il, est une saison de remontée des cours de l'or. Ceci s'explique par la reprise de l'activité (spéculative) après deux mois creux (d'été), mais aussi par la saison des mariages qui s'ouvre en Inde (très gros consommateur d'or). À cela s'ajoute la période de Noël, propice aux cadeaux, et le Nouvel An chinois. Voilà qui dope la demande. »

Et si, en plus, une bonne grosse catastrophe financière s'abat sur tel ou tel pays et plonge sa population dans la misère, ce sera Noël avant l'heure pour les spéculateurs ?

À l'époque de l'Antiquité, on voyait comme une punition des dieux le fait que le roi Crésus de la mythologie ait transformé en or tout ce qu'il touchait. À l'époque du capitalisme, transformer en or (pour quelques-uns) la misère (du plus grand nombre) serait le fin du fin. On ne peut mieux dire à quel point ce système est injuste et dévastateur.