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Leur société
IVG : Un droit remis en cause par les attaques contre les services de santé
« Droit à l'avortement, non au démantèlement de l'hôpital public », affirmait une banderole de la manifestation appelée samedi 6 novembre par la Cadac (Coordination des associations pour le droit à la contraception et à l'avortement), l'Ancic (Association nationale des centres d'interruption de grossesse et de contraception), le Planning familial, ainsi que des associations, des syndicats et des partis politiques, dont Lutte Ouvrière.
La veille, les services de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot annonçaient une augmentation de 50 % des forfaits versés par la Sécurité sociale aux établissements pratiquant des IVG. Le gouvernement reconnaît donc ainsi que le fait de rémunérer les IVG très en dessous de leur coût de revient, comme c'est le cas depuis des années, a contribué à la fermeture de centres qui les pratiquent. Le problème, c'est que la même promesse avait déjà été faite par la même ministre... lors de la Journée internationale des femmes en mars dernier et devait être appliquée « au début de l'été ». Sans effet !
Cette fois, parole de ministre, la mesure sera effective « avant la fin de l'année ». Selon le quotidien La Tribune, la raison invoquée pour ce retard est que le gouvernement voudrait tenir compte de la situation des femmes qui n'ont pas de mutuelle et qui doivent en principe payer le ticket modérateur fixé à 20 % du prix de l'IVG, et même 30 % pour l'IVG médicamenteuse. Effectivement, si l'IVG chirurgicale passait par exemple de 300 à 450 euros, le ticket modérateur augmenterait de 60 à 90 euros. Le problème n'est pas nouveau : un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales de 2009 soulignait déjà que dans certaines situations « la patiente peut être dans l'impossibilité financière de s'acquitter du paiement du ticket modérateur », mais il signalait aussi que certains établissements font prendre en charge le ticket modérateur par l'AME (aide médicale d'État). Qu'est-ce qui empêcherait le gouvernement de généraliser cette pratique ? Ce ne serait pas du luxe, alors que la loi qui a prévu le remboursement de l'avortement date de 1982.
Mais, pour passer d'un effet d'annonce à une mesure concrète, le gouvernement a visiblement du mal. En revanche, il n'a pas d'état d'âme pour faire pression sur les établissements de santé publics afin qu'ils réduisent leur personnel, et pour favoriser les établissements privés dont la vocation est de faire du profit.
Les difficultés pour les quelque 200 000 femmes qui ont recours chaque année à l'IVG s'en trouvent accrues. C'est grâce aux luttes que le droit à l'IVG a été arraché il y a trente-cinq ans. Ce combat n'est pas terminé.