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- Lutte ouvrière n°2206
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Dans les entreprises
Aluminium Dunkerque (Péchiney Rio Tinto) Emploi, conditions de travail, retraites, salaires : Les travailleurs mobilisés
À la société Aluminium Pechiney, la NAO (négociation salariale) s'est terminée pour 2010 par une augmentation de 45 euros versée en deux fois, avec une clause de « revoyure » en juin, un engagement de la direction de rediscuter des salaires en fonction des résultats de la société.
Dans le même temps, la direction mettait en place un vaste plan de 365 suppressions d'emplois sur les sites de Gardanne, Dunkerque, Voreppe et Saint-Jean-de-Maurienne, usine la plus touchée avec l'arrêt d'une série d'électrolyse. Un plan de départs volontaires a été mis en place et de nombreux travailleurs intérimaires se sont retrouvés sans travail. La direction a voulu en profiter pour imposer des réorganisations du travail, en faisant appel à une société d'audit comme Mac Kinsey, « les chasseurs de coûts », dans le but de faire plus de production avec moins de personnel.
À l'usine Aluminium Dunkerque du groupe, les opérateurs ont fortement résisté à ces attaques aux conditions de travail et ont obligé la direction à revoir sa copie. Malgré tous les problèmes internes à l'usine, ils ont répondu présents lors des appels à la grève et aux manifestations contre la réforme des retraites. Les grèves de deux à huit heures par poste étaient bien suivies et nous nous retrouvions entre 60 et 100, sur 450 opérateurs dans l'usine, aux manifestations de Dunkerque.
Dans ce contexte d'attaques incessantes de la direction contre le personnel AP, fin octobre, à Saint-Jean-de-Maurienne, les opérateurs de la fonderie, soutenus par la CGT, ont décidé de débrayer une heure et demie par poste, rejoints après quelques jours par ceux de l'électrolyse, pour revendiquer une augmentation de salaire de 100 euros par mois. Au bout de quelques jours de débrayage, l'usine était complètement désorganisée avec des retards de production importants. Pour préserver « l'outil de travail », les responsables CGT ont alors décidé de suspendre le mouvement, la direction s'engageant à discuter de nouvelles primes pour 2010. Il faut dire que les marges de profit sont à nouveau excellentes avec la hausse du cours des matières premières.
Ainsi, à Aluminium Dunkerque, au cours des huit premiers mois de 2010, l'usine a réalisé un profit de près de 34 millions d'euros. Cela représente un gain de 6 500 euros par salarié et par mois. De l'argent, il y en a donc pour augmenter les salaires ! Jeudi 4 novembre, des délégués CGT sont rentrés d'une réunion avec la direction générale à Paris et ont exposé à deux équipes les propositions de celle-ci en matière salariale : en décembre, une prime de 200 euros brut plus une autre prime de 204 à 306 euros brut suivant la mise en oeuvre d'au moins 80 % des nouvelles organisations dans les secteurs.
Immédiatement, l'équipe de nuit s'est mise d'accord pour quatre heures de grève. Le lendemain, à l'initiative de la seule CGT (les responsables syndicaux FO, CFDT et CGC étant opposés à la grève), un rassemblement d'environ 80 opérateurs a réuni l'équipe du matin et de jour à la porte de l'entreprise. Puis dans une réunion à la cantine, une centaine de travailleurs ont voté la revendication d'une prime de 1 500 euros sans condition de mise en place d'organisations nouvelles et quatre heures de grève par poste et à la journée. Du vendredi au week-end, les débrayages ont été très suivis.
Lundi 8 novembre, réunies en assemblée, des équipes ont préféré attendre les résultats d'une réunion entre la direction et les organisations syndicales qui doit être annoncée dans les prochains jours. Pour le moment, c'est donc un coup de semonce sur les salaires. Cela a fait du bien, d'autant plus que la direction ne s'y attendait certainement pas.