États-Unis : La fausse monnaie, un remède contre la crise pire que le mal10/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2206.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

États-Unis : La fausse monnaie, un remède contre la crise pire que le mal

La banque centrale américaine, la Fed, a annoncé début novembre qu'elle allait acheter d'ici juin prochain pour 600 milliards de bons du Trésor américain, en plus des 300 milliards d'achats qui avaient déjà été programmés en août dernier. En tout, ce sont donc 900 milliards de dollars de bons du Trésor c'est-à-dire de dettes de l'État américain que la Fed va acheter, à raison de 110 milliards par mois, à quelque 18 institutions financières dont Goldman Sachs, Morgan Stanley et autres.

La Fed fait ainsi marcher la planche à billets (électronique) sous prétexte de soutenir l'activité économique et l'emploi. Inutile de dire que ce sont d'abord ces grandes banques et autres institutions financières qui vont profiter de l'opération. Quant à relancer l'investissement productif et la création d'emplois, personne n'y croit vraiment. D'abord parce que l'argent dont peuvent disposer les entreprises ne sert pas à investir et développer la production, tant que le pouvoir d'achat des consommateurs ne fait que baisser. Un des analystes de JP Morgan Chase constate que « les entreprises continuent à réduire leurs investissements et leur dépenses en recherche-développement ». Quant à l'emploi, le résultat du seul calcul cité par la presse est que, si la Fed injectait 1 500 milliards dans l'économie américaine, le taux de chômage ne baisserait que de 0,2 % !

D'ailleurs, la Fed a déjà acheté pas moins de 1 700 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres hypothécaires entre décembre 2008 et mars 2010. Cela n'a pas fait reculer le chômage, dont le taux atteint officiellement 9,6 %, et en réalité beaucoup plus.

En fait, ces sommes considérables d'argent injectées artificiellement dans l'économie relancent surtout la spéculation. Spéculation sur les actions (l'indice Dow Jones de la Bourse de New York grimpe depuis la première annonce de la Fed en août), sur l'or, dont le prix bat des records historiques, sur les oeuvres d'art. Bernanke, le président de la Fed, ose prétendre que la hausse du prix des actions, en enrichissant les détenteurs d'actions, va relancer la consommation, donc la production, donc la création d'emplois.

Mais surtout c'est la spéculation sur les matières premières et les denrées alimentaires qui va être à nouveau dopée, engendrant une véritable catastrophe pour la population des pays pauvres.

Sans compter que cette création artificielle de monnaie fait baisser le dollar. Cela favorise les exportations américaines, mais cela renchérit les importations venant des pays tiers. Les États-Unis exportent ainsi leur inflation, et la population des pays pauvres va payer le prix fort de cette politique en faveur des grandes banques, institutions financières et grandes entreprises. Des milliards de personnes vont souffrir, pour que vivent les profits de la bourgeoisie la plus riche du monde.

La Fed a d'ores et déjà annoncé qu'après le mois de juin « si besoin », elle est prête à faire marcher encore plus la planche à billets.

Le président de la Réserve fédérale de Kansas City, qui est le seul à avoir voté contre cette fuite en avant de la Fed, estime que cela crée trop de risques pour le système financier et qu'il s'agit d'un « pacte avec le diable ». Autant dire que chaque remède appliqué à la crise ne fait qu'aggraver celle-ci et les catastrophes qu'elle engendre. Il est urgent de débarrasser l'humanité de cette classe de parasites.

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