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- Lutte ouvrière n°2206
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Sahara occidental - Revendications des Sahraouis : Le régime marocain répond par la répression
L'armée marocaine est intervenue violemment pour démanteler le campement de Gdim Izik, situé à une douzaine de kilomètres de Laâyoune, la capitale du Sahara occidental. Les affrontements, qui se sont poursuivis jusque dans les quartiers sahraouis de cette ville, auraient fait plusieurs morts et plusieurs centaines de blessés.
Ce campement, qui comptait près de vingt mille Sahraouis, avait été installé à la mi-octobre pour réclamer pacifiquement « le respect des droits socio-économiques » des Sahraouis et « leur droit à l'autodétermination » face à l'occupant marocain.
L'armée marocaine, qui avait organisé un véritable blocus du site afin d'empêcher d'autres protestataires de rejoindre les premiers, avait déjà quelques jours auparavant tiré sur une voiture, tuant un jeune de 14 ans.
Ces affrontements viennent rappeler un conflit qui dure depuis plus de trente ans. Ancienne colonie espagnole, peu peuplée mais renfermant d'importants gisements, de phosphate notamment, le Sahara occidental fut annexé par le Maroc en 1975, à l'issue d'une « marche verte » qui visait à affirmer sa « souveraineté historique et légale » sur ce territoire dit Sahara marocain. Il le fit d'autant plus facilement qu'il bénéficiait du soutien des États-Unis, de la France et de l'Europe occidentale, et des monarchies du golfe Persique ainsi que d'Israël, face aux visées de l'Algérie sur un territoire qui aurait pu lui offrir un débouché maritime sur l'Atlantique et qui, elle, était soutenue par l'URSS et la Libye.
Les indépendantistes sahraouis et leur organisation, le Front Polisario, qui n'ont jamais accepté cette colonisation, menèrent dès lors de nombreux raids armés contre les forces marocaines, avec le soutien logistique et militaire de l'Algérie. Dans les années 1980, pour se défendre de ces attaques, le Maroc érigea un mur, qui depuis sépare le Sahara en deux, les 20 % à l'est étant abandonnés au contrôle du Front Polisario, les 80 % situés à l'ouest demeurant sous contrôle marocain. Les affrontements militaires prirent fin en 1991 suite à un cessez-le-feu conclu sous l'égide de l'ONU. Un référendum sur le statut du territoire fut également envisagé, mais il fut reporté à plusieurs reprises.
Entre-temps, le Maroc a entamé un vaste mouvement de colonisation du Sahara, faisant sortir des sables des villes nouvelles et offrant des avantages et des emplois à ceux qui acceptaient de s'y installer. Le but était évidemment de noyer la population autochtone, qui était tenue à l'écart des avantages offerts. De même, l'État marocain s'est arrogé le droit d'exploiter à son unique profit les ressources naturelles, le phosphate et depuis peu le pétrole, de la région.
Aujourd'hui, le Maroc envisage d'accorder une autonomie au Sahara occidental, une option rejetée par le Polisario qui réclame la tenue d'un référendum et la reconnaissance véritable du droit des Sahraouis à l'autodétermination et à l'indépendance. Ce n'est pas la répression du régime marocain qui pourra répondre aux aspirations des Sahraouis.