UMP : Des nantis piqués au vif10/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2206.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

UMP : Des nantis piqués au vif

La hache de guerre est-elle enterrée entre Jean-François Copé, actuel chef du groupe UMP à l'Assemblée nationale, et Martin Hirsch, encore récemment membre du gouvernement Fillon ? En tout cas, l'amendement qu'avait fait déposer Copé pour s'en prendre au salaire de Hirsch est révélateur de l'ambiance peu sereine qui règne dans les hautes sphères de l'UMP.

Hirsch dirigea l'association Emmaüs, fondée par l'abbé Pierre, avant d'entrer au gouvernement et de créer le RSA. Il s'en est ensuite sagement retiré en mars dernier. Il avait alors obtenu la création d'une Agence du service civique et d'en être le président. « Faire du vacarme ne m'intéresse pas », avait-il alors déclaré. Rien qui puisse réellement effaroucher un parlementaire, même UMP.

En revanche, ce qui a fortement déplu, est la publication récente d'un livre dans lequel Hirsch a rompu l'omerta, en soulignant entre autres que le président du groupe UMP à l'Assemblée, François Copé, qui a une influence sur « l'ensemble des textes législatifs, y compris fiscaux », est en même temps membre d'un grand cabinet d'affaires. En outre, Copé « ne va pas jusqu'à indiquer ou confirmer le montant des revenus que lui rapporte cette activité », qui serait d'environ 20 000 euros par mois, cumulé avec d'autres revenus, dont ses indemnités en tant qu'élu au Parlement et à la tête de la mairie de Meaux.

Quant à son homologue au Sénat, Gérard Longuet, il est accusé par Hisch d'avoir été rémunéré pour une « mission de conseil » par GDF Suez en 2008-2009, en même temps que son mandat de sénateur, après avoir reçu des cadeaux non négligeables (payés en timbres !) à l'époque où il était ministre des Postes.

Les mis en cause se sont déclaré furieux de voir de tels faits étalés sur la place publique. Longuet a ressenti le livre « comme un uppercut ». Copé y a même vu un « exercice de délation », mais c'est par trois députés qui lui sont proches qu'est venue la contre-attaque. Ceux-ci ont déposé un amendement au projet de budget pour 2011 qui aurait eu comme résultat de ramener à un niveau symbolique le salaire du président de l'Agence du service civique, autrement dit Hirsch. Grand seigneur, celui-ci a répondu qu'il était hors de portée d'une telle attaque, car de toute façon, ancien énarque, il conserve son salaire de haut fonctionnaire, membre du Conseil d'État, à hauteur de 9 200 euros par mois, ajoutant qu'il n'en demandait pas plus.

Le gouvernement a retiré l'amendement en question, mais son existence, même éphémère, jette une lumière crue sur le rôle de ces « législateurs » qui agissent « au nom du peuple français ». Quand ils ne font pas des discours ronflants à la population pour justifier les sacrifices imposés aux classes populaires, ils sont capables d'utiliser la procédure pour leurs vengeances personnelles. Les bousculer, ne serait-ce qu'un tout petit peu, cela mérite apparemment de mobiliser les moyens de l'État.

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