Après le succès électoral des Républicains : Une excuse pour Obama et les Démocrates10/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2206.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Après le succès électoral des Républicains : Une excuse pour Obama et les Démocrates

Bien qu'on ne connaisse pas encore tous les résultats des élections américaines du 3 novembre, en particulier le taux de participation, Obama a reconnu qu'elles reflètent « la frustration de la population » face aux difficultés dans lesquelles celle-ci se débat. Et il a reconnu sa responsabilité dans la « raclée », comme il dit lui-même, infligée aux Démocrates. Les Républicains ont en effet maintenant une large majorité dans la Chambre des représentants. Les Démocrates restent toutefois majoritaires au Sénat.

Dans bien des endroits, les électeurs ont voté contre les hommes en place, qu'ils soient républicains ou démocrates, exprimant ainsi leur ras-le-bol de politiciens qui ne cessent de s'attaquer à la population laborieuse. Le plus significatif est sans doute le niveau d'abstention : des estimations (puisque les chiffres définitifs ne seront connus que bien plus tard) indiquent que près des deux tiers de la population en âge de voter n'ont pas pris part au vote. Parmi les travailleurs, cette proportion est plus grande encore.

Beaucoup n'ont vu aucune raison de choisir entre des candidats de deux partis qui, tout en se succédant au pouvoir, ont mené la même politique anti-ouvrière, versant des milliards par centaines aux banques et aux grandes entreprises pendant que la population laborieuse s'appauvrissait, que des millions de personnes voyaient leur maison saisie, que le chômage atteignait des records, sans parler des guerres dont les USA sont encore loin d'être sortis, en Afghanistan et même en Irak.

Obama s'est empressé de tendre la main aux Républicains, avec lesquels il s'est dit pressé de travailler et prêt à passer des compromis. Par exemple sur le renouvellement des grosses réductions d'impôts accordées par Bush et qui viennent à échéance au 31 décembre, Obama pourra dire qu'il voulait les supprimer pour les plus hauts revenus (les 2 % qui gagnent plus de 250 000 dollars par an), mais qu'il a dû y renoncer - totalement ou partiellement - pour obtenir un compromis avec les Républicains. De même il se prépare à faire des compromis dans le domaine de l'éducation. On se demande d'ailleurs bien lesquels, tant son gouvernement pousse déjà très fortement en faveur des intérêts privés dans ce domaine, contraignant des centaines d'écoles publiques à fermer pour laisser la place à des écoles privées.

En fait, le succès électoral des Républicains servira de prétexte à Obama, d'ici 2012 où auront lieu les élections présidentielles, pour mener la même politique antiouvrière tout en prétendant que c'est à son corps défendant. D'ailleurs un des leitmotivs de sa campagne électorale en 2008, puis de son gouvernement pendant deux ans, a été sa volonté de travailler avec les Républicains et de mener une politique consensuelle. Les Républicains n'ont pas joué le jeu, ce qui n'a pas empêché Obama et les Démocrates de faire nombre de prétendus compromis, sous prétexte de les rallier. D'ailleurs ce n'est pas un hasard si les Démocrates ont attendu d'être minoritaires - ce qui était prévisible - pour décider ou non de reconduire les exonérations fiscales de Bush.

Ce sont bien les mêmes intérêts que les uns et les autres servent, mais avec un discours différent, destiné à duper leur électorat respectif. La population laborieuse est de moins en moins dupe de ces simagrées et elle voit bien que c'est toujours à elle de faire des sacrifices. Face aux attaques en règle dont elle est l'objet, on peut être sûr qu'elle trouvera d'autres moyens que le bulletin de vote pour imposer la sauvegarde de ses intérêts.

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