Viande bovine : Les producteurs ne veulent pas se laisser abattre10/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2206.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Leur société

Viande bovine : Les producteurs ne veulent pas se laisser abattre

Neuf abattoirs du groupe Bigard, le plus gros abatteur-transformateur de viande bovine du pays, ont été l'objet de manifestations et de blocages de la part d'éleveurs de bovins. Ces derniers, à l'appel de la FNSEA, avaient l'intention de faire une nouvelle fois connaître leurs difficultés, particulièrement à la veille d'une réunion de la filière en présence du ministre de l'Agriculture.

Selon le président de la branche bovins du syndicat, la FNB, le quart des éleveurs seraient « au bord du gouffre », raison pour laquelle une augmentation de 20 % du prix de vente à l'abatteur est exigée. Cela ne représenterait d'ailleurs que 60 centimes sur le kilo de carcasse - bête dépouillée et éviscérée, prête à la transformation - celui-ci n'étant payé à l'éleveur qu'entre 2,80 euros et 3,10 euros. Ce prix est le même depuis une quinzaine d'années, alors que pendant ce temps le prix de vente aux consommateurs a augmenté de 40 %. Et, dans le même laps de temps, les frais de production des éleveurs ont grimpé en fonction ne serait-ce que du prix du gazole et des céréales destinées à l'alimentation des quelque vingt millions de bovins.

Dans quelles poches est engloutie la différence entre le prix d'achat au producteur et le prix à l'étal du supermarché ? L'opacité de la filière est dénoncée par les responsables syndicaux, mais la situation privilégiée du groupe Bigard, qui après avoir racheté Charal et Socopa réalise près de 45 % de l'abattage et de la transformation, lui permet de pratiquer les prix qu'il veut. Après lui, ce sont les géants de la distribution qui prennent leur part. Enfin les banques ne se privent pas de prélever leur dîme.

Plusieurs dizaines de milliers de producteurs voient les banques empocher, par le biais des prêts, une partie du résultat de leur travail. Un éleveur qui vend ses bêtes à Bigard pour 2,80 euros le kilo de carcasse relatait ses difficultés sur France 3, expliquant qu'il ne tirait de cette activité que 200 à 300 euros par mois, la moyenne se situant selon la FNB autour de 10 000 euros par an.

Si elle a entraîné le 9 novembre quelques promesses de la part du ministre Bruno Le Maire, la mobilisation des éleveurs n'a pas suffi à faire déplacer les patrons de Bigard, assis sur leur position dominante. Après un paisible épisode d'étiquetage des barquettes de viande en rayons des grandes surfaces, afin de mentionner le prix d'achat aux éleveurs, faudra-t-il pour voir leur travail revalorisé qu'ils en viennent à des actions plus... saignantes ?

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