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- Lutte ouvrière n°2206
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Leur société
Projet de loi sur les plans sociaux : « Moraliser » les licenciements ? Non, les interdire !
Le 2 novembre, un député du Nouveau Centre, Jean-Christophe Lagarde, avec l'appui de son groupe qui est associé à l'UMP, a présenté le texte d'un projet de loi qui pouvait avoir des contours alléchants : « Non aux plans sociaux d'entreprises bénéficiaires payés par l'État », a-t-il ainsi déclaré.
En fait, ce projet a un article unique qui déclare : « L'autorité administrative peut, au vu de la situation économique de l'entreprise, refuser de signer les conventions permettant l'attribution des aides du Fonds national de l'emploi pour la mise en oeuvre du plan de sauvegarde de l'emploi. Dans ce cas, le financement de ce dernier est à la seule charge de l'entreprise. » La presse a présenté cela comme une réponse au scandale de l'entreprise Molex et à son refus de payer toute une partie de ses obligations.
On ne peut savoir le sort qui sera réservé à ce projet de loi. Le patronat est paraît-il attentif à ce qu'il en adviendra. Mais il est révélateur de ce que peuvent proposer les grands partis dits « responsables ». D'une prétendue indignation face à des patrons qui affichent des profits indécents et qui licencient quand même, on arrive à un projet de loi qui ne protège en aucune façon les travailleurs face à ces pratiques, voire qui aggrave la situation actuelle. Car ce ne sont pas les aides à l'emploi dans le cadre des plans sociaux qui sont les plus révoltantes. Ni l'aide aux préretraites FNE, ni les aides aux conventions d'allocations temporaires dégressives, pour aider au reclassement des licenciés.
Même s'il est vrai que ce devrait être aux patrons de tout payer, cet argent-là bénéficie un peu aux travailleurs, en amortissant la dureté des licenciements. Il est d'ailleurs révélateur de savoir que ces aides ont déjà été réduites à la portion congrue, pour réorienter les fonds plus directement vers les caisses du patronat, ce que personne, ni à droite ni même à gauche, ne remet en question.
Ce qui est insupportable et révoltant, c'est de voir les plus grandes entreprises, les plus riches, les plus profitables, annoncer des résultats mirobolants en même temps que de nouvelles vagues de licenciements. Et la solution n'est pas de « moraliser » les licenciements effectués par des capitalistes qui, aujourd'hui, comme hier et demain encore, considèrent les finances de l'État comme leur propriété personnelle.
Mettre fin au scandale des Total, Sanofi Aventis, Arcelor, Peugeot, Renault qui licencient en même temps qu'ils distribuent des milliards de dividendes à leurs actionnaires, ce serait d'abord leur interdire de le faire sous peine de réquisition et imposer un contrôle réel des travailleurs sur tous leurs comptes. Mais ce n'est pas un projet de loi qui l'imposera, mais des millions de travailleurs en lutte pour défendre leur droit à la vie.