La Poste - Bordeaux : Il faut la relaxe pour les postiers poursuivis10/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2206.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans les entreprises

La Poste - Bordeaux : Il faut la relaxe pour les postiers poursuivis

Vendredi 5 novembre, treize postiers, militants syndicaux dans l'ancien centre de tri de Bordeaux Bègles, étaient convoqués devant le tribunal de grande instance, accusés par La Poste de séquestration de cinq de ses cadres et d'outrages à l'encontre d'huissiers de justice, lors d'un conflit social qui a eu lieu il y a maintenant cinq ans.

En mai 2005, la direction avait décidé en effet d'imposer un nouveau plan de suppression de 40 emplois. Le personnel du centre s'était mis plusieurs fois en grève contre cette restructuration mais, à chacun de leurs débrayages, les postiers avaient droit à des sanctions, aux contrôles d'huissiers et à de multiples intimidations de la part de la hiérarchie. Sans compter que la direction utilisait ses centres de tri parallèles pour contourner la grève. Elle a ainsi consciemment provoqué l'exaspération du personnel, qui a fini par retenir à plus d'une centaine, pendant une nuit, le 25 mai, cinq cadres dirigeants dans une des salles du centre.

La direction de La Poste a alors fait intervenir des commandos du GIPN qui ont investi le centre et arrêté, comme des terroristes, les neuf militants CGT et SUD, dont les secrétaires des deux sections syndicales, qui étaient avec les cadres dans la salle de réunion. Elle portait plainte contre eux pour « séquestration » et entamait également des procédures disciplinaires contre cinq autres postiers qui se trouvaient à l'extérieur de la salle. Ces procédures ont abouti au licenciement de l'un des quatorze, contractuel et militant de la CNT, et à des mutations d'office ainsi qu'à des exclusions de service, sans solde.

Aucun des quatorze n'a jamais réintégré le centre de tri. Tous ont été dispersés sur des petits bureaux de la région bordelaise. En fait, La Poste avait trouvé dans ces événements l'occasion de décapiter des équipes de militants, quelques mois avant la fermeture définitive du centre.

Aujourd'hui, La Poste s'acharne au pénal. Elle veut, en obtenant une condamnation des treize par la justice (l'un des quatorze étant malheureusement décédé depuis les événements), couvrir et justifier la brutalité dont elle a fait preuve et les sales méthodes qu'elle a utilisées. Lors de l'audience, alors que les cadres demandaient une condamnation à l'euro symbolique, La Poste demandait la condamnation pour séquestration (la peine pouvant aller dans ce cas jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amendes) et pas moins de 440 000 euros de préjudice. Le procureur a quant à lui demandé des peines bien inférieures. « Prenant en compte le contexte social dégradé », il a reconnu au moins en partie la mauvaise foi et l'acharnement de la direction. Le délibéré est attendu pour le 3 décembre.

Le 5 novembre, il y avait au tribunal près de 400 postiers et des militants syndicaux et politiques pour soutenir les treize. Ce devrait être à La Poste de payer, pour avoir pourri la vie de ces travailleurs, d'abord en attaquant leurs conditions de travail et ensuite en les réprimant, en les suspendant et en les poursuivant pendant des années. Relaxe pour tous !

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