Répéter des mensonges n'en fait pas des vérités10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

La journée du 7 septembre 

Répéter des mensonges n'en fait pas des vérités

Pendant que des centaines de milliers de travailleurs manifestaient leur opposition dans les rues du pays, l'Assemblée nationale commençait, mardi 7 septembre, « l'examen » de la « réforme » des retraites, avant le passage devant les sénateurs puis l'adoption définitive à la Toussaint.

Pour afficher leur inflexibilité, les tenants de la « réforme » n'ont proposé qu'un amendement totalement marginal, un « dispositif très expérimental d'allégements ou de compensations » sur la pénibilité consistant en mesures de temps partiel, de « tutorat », ou, « à titre exceptionnel », une cessation anticipée d'activité. Ils se sont empressés, en revanche, de s'attaquer à la possibilité de départ anticipé des fonctionnaires parents de trois enfants.

Mais, comme de bien entendu, le ministre Woerth et ses relais persistent sur le thème de « l'inéluctabilité » du recul de l'âge de la retraite. « Il faudra travailler plus longtemps si nous voulons assurer le financement de notre système de retraites », répète-t-il, comme si les mensonges, assenés une fois de plus, allaient se transformer en vérités.

La campagne qu'ils mènent ne consiste qu'à répéter ce même mensonge. Il y aurait selon eux un incontournable problème démographique, la proportion actuelle de deux actifs pour un retraité deviendrait un pour un en 2050, en raison de l'augmentation de l'espérance de vie des plus de 60 ans, en principe retraités. Le déficit créé par cette situation serait intenable si la « réforme » n'avait pas lieu.

De tous les éléments de cette affirmation avancée avec aplomb, il n'y en a qu'un de vrai : l'augmentation, pour l'instant en tout cas, de l'espérance de vie. C'est tant mieux, et c'est, notamment, un résultat des progrès sociaux de ces dernières décennies, dont l'abaissement de l'âge légal de départ en retraite. Encore conviendrait-il de rappeler l'espérance moyenne de vie en bonne santé, qui chez les ouvriers, ne dépasse pas 60 ans.

Mais tout le reste est fallacieux. Il est faux par exemple que la réforme permettrait de maintenir les « seniors » au travail plus longtemps. L'économiste Bernard Friot démontre que, en dix-sept ans de « réformes » successives visant depuis 1993 à augmenter la durée nécessaire pour une retraite complète, l'âge moyen de cessation d'activité n'a pas augmenté, il n'atteint toujours pas 59 ans. Et pour cause : les emplois n'ont pas cessé de diminuer et le niveau du chômage atteint ces dernières années n'a fait qu'aggraver la situation.

Sarkozy et Woerth ne font donc que tenter d'alourdir la facture pour tous les salariés qui peinent à réunir leurs trimestres, et évidemment les femmes sont en première ligne. Pour bénéficier d'une pension complète, des centaines de milliers de salariés de plus de 55 ans seront obligés, alors même que les employeurs les rejettent, de galérer deux années supplémentaires, pour tenter de compléter leurs annuités, sous peine de voir leur future pension diminuer.

Cette politique gouvernementale menée depuis dix-sept ans est un choix. La quantité de richesses produites depuis 1970 a doublé entre autres du fait de l'augmentation de la productivité du travail, ce qui devrait permettre sans aucun problème de consacrer une proportion égale ou supérieure au paiement des retraites... et des salaires. Mais c'est le contraire qui se passe, justement parce que depuis des années, la politique patronale consiste à réduire la part du revenu consacrée aux salaires et aux retraites, en augmentant la part des profits... qui ne servent à rien d'autre qu'à la spéculation.

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