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Leur société
Campagne contre les Roms : Le cynisme gouvernemental
Pour justifier sa campagne d'expulsion des Roms, Hortefeux explique qu'il ne s'agit que « de démanteler les occupations illégales et illicites ». Jeter des escadrons de CRS en tenue de combat contre des familles, détruire leurs pauvres campements, expulser manu militari hommes, femmes et enfants, ce serait simplement, pour Hortefeux, « se contenter de faire respecter la loi ».
Quelle hypocrisie, et quel cynisme. Car les lois, les Hortefeux et les politiciens bourgeois de tous bords, ses pareils, savent les ignorer, les contourner voire les violer, quand ça les arrange.
Depuis l'adoption en 2000 d'une loi « relative à l'accueil et à l'habitat des gens du voyage », les communes de plus de 5 000 habitants sont tenues de se doter « d'aires permanentes d'accueil pour les gens du voyage », c'est-à-dire les artisans et commerçants forains. Mais, dix ans après, cette loi est toujours peu ou pas appliquée. Et si les gens du voyage, la plupart du temps, se trouvent toujours contraints de s'installer hors des zones prévues à cet effet, c'est donc parce que ces zones sont, dans la plupart des régions, inadaptées, rares, voire inexistantes. Les préfets - les mêmes qui organisent les expulsions - ont le pouvoir de contraindre les communes à aménager des aires d'accueil, ce qu'ils ne font pas.
Quant aux Roms, s'ils ont la liberté théorique de circuler en Europe, rien n'est prévu pour leur permettre de s'installer. Ils sont réduits à des campements précaires, sur des terrains dont ils ne sont évidemment pas propriétaires.
Rappelons cependant qu'après la Deuxième Guerre mondiale, et jusqu'au milieu des années 1970, faute de logements pour accueillir les travailleurs étrangers que les industriels faisaient venir en masse, la France se couvrit de bidonvilles, qui s'installèrent là où ils purent. Au milieu des années 1960, leur population atteignit 100 000 personnes. Celui de Nanterre dans les Hauts-de-Seine, l'un des 89 de la région parisienne, logeait à lui seul 14 000 personnes. Aucun des politiciens de l'époque - ancêtres de ceux d'aujourd'hui - n'y trouva à redire : ce n'était pas légal, mais le patronat avait besoin de main-d'oeuvre et pas envie de dépenser de l'argent pour la loger dignement.