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Leur société
Rentrée scolaire : La dégradation des conditions de travail continue
Si le mot d'ordre de grève lancé par le SNES-FSU pour le 6 septembre a été diversement suivi dans les lycées et collèges, cela ne signifie pas pour autant que les enseignants aient trouvé cette rentrée scolaire satisfaisante. Les différentes « réformes » mises en place à la va-vite, mais avant tout le cumul des suppressions de postes qui pèsent depuis quatre ans sur tous les services de l'Éducation nationale, ont amené une dégradation continue de l'enseignement, dont le personnel et les élèves font les frais et qui suscite le mécontentement.
Le ministre de l'Éducation nationale, Luc Chatel, annonçait avant la rentrée que tous les élèves auraient un professeur en face d'eux, malgré le fait que 16 000 postes supplémentaires ont été supprimés cette année. Mais ce tour de passe-passe n'a pu se faire (et encore, imparfaitement) qu'en augmentant ici le nombre d'élèves par classe, ou en fermant là de petites écoles de campagne pour regrouper les élèves dans quelques villes, avec pour conséquence d'allonger leur temps de trajet.
La suppression de la formation des enseignants en IUFM a certes permis de boucher des trous, en plaçant quelque 16 000 stagiaires directement devant leurs classes, mais ne rend service ni à eux, ni aux élèves. Auparavant, après une année de formation théorique en IUFM, comprenant des périodes d'observation et de stage dans les établissements, les enseignants stagiaires assuraient en général six heures de cours hebdomadaires en seconde année, sous la direction des formateurs. Cette année, ils ont été lancés devant leurs classes en effectuant un temps plein, sans avoir un indice sur le niveau des élèves qu'ils ont en face d'eux, qui leur permettrait de préparer efficacement leurs cours, et en ayant eu pour toute formation sur le terrain que deux jours « d'accueil » dans les rectorats avant la rentrée. C'est ainsi que Chatel entend améliorer la qualité de l'enseignement.
À cela s'ajoutent bien d'autres problèmes. Le début de la réforme des lycées se traduit entre autres par un grignotage des horaires attribués aux disciplines enseignées, sous prétexte de mettre en place deux heures hebdomadaires d'accompagnement personnalisé... par groupes de dix-huit élèves ! Le programme de la classe de seconde a été modifié, mais les manuels ne sont pas encore tous parus, certains élèves ne les auront qu'en octobre. Comme ils sont forcément neufs, les familles les paieront au prix fort et devront débourser entre 220 et 250 euros : à elles de se débrouiller avec l'allocation de rentrée scolaire, a déclaré le ministre. L'assouplissement de la carte scolaire, qui permet aux parents de choisir l'école de leurs enfants, a accentué la ghettoïsation des établissements de banlieue et creuse encore plus les inégalités sociales. Chatel se vante des quelques internats d'excellence créés pour une infime minorité d'élèves issus des classes populaires, mais il laisse tomber tous les autres.
La politique d'économies au détriment de l'Éducation nationale, qui s'accentue à chaque nouvelle rentrée, conduit à une dégradation continue des conditions de travail, pour le personnel comme pour les élèves. Le ministre est peut-être content de cette rentrée, qui jusqu'à présent n'a pas connu d'orage, mais les nuages s'accumulent...