Antilles - Épidémie de dengue : Des mesures limitées et bien tardives10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Antilles - Épidémie de dengue : Des mesures limitées et bien tardives

Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, et Marie-Luce Penchard, ministre de l'Outre-mer, ont effectué une visite expresse aux Antilles pour tenter de rassurer la population, frappée par une épidémie de dengue. Elles ont promis que le gouvernement allait mobiliser plus de moyens pour lutter contre cette maladie.

Il s'agit essentiellement de l'envoi de 300 volontaires du service civique et de 150 militaires, et du déblocage de 200 000 euros pour l'élimination des carcasses de voitures et autres déchets.

Ces mesures sont limitées et surtout bien tardives, compte tenu de l'ampleur de l'épidémie qui sévit depuis huit mois. Il aura fallu attendre qu'elle ait touché plus de 60 000 personnes en Guadeloupe et Martinique, et provoqué la mort d'au moins dix-neuf d'entre elles, pour que le gouvernement réagisse.

Ce genre d'épidémie n'est pourtant pas un phénomène nouveau. Les Antilles sont régulièrement touchées par cette maladie, contre laquelle il n'existe pour l'heure ni traitement préventif, ni traitement curatif. On assiste même à une intensification dans la fréquence des épidémies : 11 500 cas en Guadeloupe en 2005, 19 000 cas en 2007 ; 24 000 cas en Martinique en 2001, 14 500 en 2005, 18 000 en 2007.

Les autorités laissent entendre que la prolifération des moustiques, vecteurs de la maladie, serait due au manque de civisme de la population, aux décharges d'ordures sauvages, à l'abandon des carcasses de voitures, aux eaux domestiques stagnantes.

Mais que propose le gouvernement ? Des mesures ponctuelles, limitées et inefficaces, comme l'envoi de quelques centaines de militaires. Pour vraiment endiguer la dengue, il faudrait intensifier la lutte contre les gîtes où se multiplient les moustiques, et de façon durable. Il faudrait également traiter les zones humides et résorber les bidonvilles où des eaux stagnantes se développent à la moindre averse, en développant la construction. Au lieu de cela, on assiste à une diminution des équipes et des programmes d'éradication pour cause d'économies, tandis que la paupérisation de la population engendre le développement des bidonvilles et de l'habitat précaire.

Au-delà, on peut s'étonner de la faiblesse des recherches scientifiques pour éradiquer cette maladie, connue depuis le 18e siècle et qui a déjà provoqué d'importantes épidémies à travers le monde. Le fait qu'elle touche des populations pauvres, essentiellement la zone caraïbe, l'Amérique du Sud et le sud de l'Asie, n'est sans doute pas étranger à ce manque de préoccupation.

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