Après le succès du 7 septembre : Développer, amplifier l'action10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Après le succès du 7 septembre : Développer, amplifier l'action

Le succès incontestable de la journée de grèves et de manifestations du 7 septembre est la démonstration du rejet par la classe ouvrière de la prétendue « réforme » des retraites, comprise et ressentie par tous les concernés comme une attaque inacceptable contre les retraités d'aujourd'hui et de demain, c'est-à-dire contre tous les salariés.

La participation aux manifestations a été partout plus massive que le 24 juin, et les débrayages plus suivis. Les travailleurs des entreprises privées, y compris de petites entreprises, ont été largement présents, ainsi que nombre de jeunes, de chômeurs, de retraités. Il s'agit bien d'un cri d'indignation de l'ensemble du monde du travail contre les mesures sur les retraites et, plus généralement, contre la politique antiouvrière du gouvernement.

Personne ne peut avoir la naïveté de croire que cette journée, malgré l'expression claire de la volonté des salariés, suffira pour faire reculer le gouvernement. Le débat parlementaire n'est qu'une mascarade parce que le gouvernement dispose d'une majorité confortable au Parlement, une majorité toute dévouée au grand patronat qui réclame depuis bien des années des mesures pour faire des économies sur la caisse de retraite. Tout au plus, est-il question de se pencher sur ceux qui ont une activité particulièrement pénible. Mais c'est de la poudre aux yeux ! Pour l'écrasante majorité des salariés, prolonger au-delà de soixante ans une activité qui leur est imposée pour gagner leur vie est intolérable.

Depuis plusieurs mois, les domestiques du grand patronat dans les ministères, dans les médias, parmi les économistes, nous débitent des balivernes sur la nécessité de reculer l'âge de départ en retraite et l'accroissement du nombre d'annuités de cotisation. Et des propagandistes patronaux qui, de toute leur vie, n'ont jamais rien fait de leurs dix doigts d'expliquer à tous, y compris aux travailleurs sur chaîne de l'automobile, aux ouvriers du bâtiment, aux caissières de supermarché, usés, vidés à 60 ans, qu'ils peuvent travailler bien au-delà ! Tous les travailleurs un peu âgés à la recherche d'un emploi savent pourtant que pour n'importe quel patron, à 50 ans déjà, on est trop vieux !

Et pendant qu'on nous répète qu'il faut que les travailleurs âgés travaillent plus longtemps, des centaines de milliers de jeunes, plus du quart des jeunes à la recherche d'un emploi n'en trouvent pas. Et quand ils en ont un, c'est une mission d'intérim, précaire, mal payée.

Le véritable but du gouvernement n'est pas de donner du travail aux vieux, ni aux jeunes, c'est de racketter les travailleurs en réduisant le montant de leur retraite.

Mais il n'y a pas que cela. Cette attaque en est une parmi bien d'autres, venant les unes du gouvernement, les autres du patronat lui-même : blocage des salaires ; intensification du rythme du travail ; multiplication des licenciements collectifs ; augmentation des cotisations d'assurance maladie et en même temps réduction des prestations ; hausse du prix de l'électricité, du gaz, et mille autres ignominies petites et grandes. Sans parler de la dégradation de tous les services publics, écoles, hôpitaux, transports, poste, qui est une autre forme d'atteinte grave aux intérêts des classes populaires.

Toutes ces attaques contre les salariés, contre ceux qui produisent les richesses dans ce pays, contre les pauvres, pour quoi faire ? Pour que, malgré la crise de leur économie, les profits des grandes entreprises capitalistes retrouvent leur niveau d'avant ! Les bénéfices des 40 plus grandes entreprises, les fameuses « CAC 40 », sont en augmentation de 86 % par rapport à l'année dernière !

Et les profits en croissance ne servent à rien d'autre qu'à engraisser les gros actionnaires. Pendant que des centaines de milliers de familles ouvrières frappées par le chômage tombent dans la misère, la milliardaire Liliane Bettencourt, qui s'enrichit de l'exploitation des conditionneuses du trust L'Oréal, peut s'acheter une île sous les tropiques pour se changer de ses luxueuses résidences à Neuilly et ailleurs, et se payer des ministres comme d'autres se payent des chevaux de course.

Alors, il faut faire reculer le gouvernement et le patronat. C'est possible. Juppé a bien dû reculer en 1995 et Villepin en 2006. S'ils ont dû reculer, ce n'est pas à la suite d'une seule journée, mais parce que la succession de débrayages, de manifestations, de moments forts, ont témoigné d'un mouvement qui se généralisait et dont ils craignaient de ne pas pouvoir contrôler le développement.

Le succès du 7 septembre est un avertissement ! Il faut que le grand patronat, que le gouvernement sentent que nous ne sommes pas quittes pour autant et que nous ne nous contenterons pas d'un baroud d'honneur !

Et, au-delà de la question des retraites, il faut que les exploités affirment qu'ils en ont assez de ce monde pourri où ceux qui travaillent deviennent de plus en plus pauvres, et les parasites de plus en plus riches !

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