Mozambique : Émeutes contre l'augmentation du coût de la vie10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mozambique : Émeutes contre l'augmentation du coût de la vie

Le 1er septembre, de violentes manifestations ont éclaté au Mozambique pour protester contre l'augmentation du coût de la vie. Elles ont surtout touché la capitale, Maputo, mais aussi Beira, la deuxième ville du pays, et Chimoio, ville située à 750 km au nord de la capitale.

La police a durement réprimé les manifestants, qui avaient érigé des barricades, pillant au passage des commerces et des stations d'essence. Tirant à balles réelles, elle a fait au moins treize morts et 400 blessés. Par ailleurs, 150 personnes ont été arrêtées.

C'est l'augmentation annoncée de 25 % du prix du pain qui a provoqué la révolte des faubourgs pauvres des villes. D'autant qu'elle fait suite aux récentes hausses du prix du riz, de l'eau, du carburant (8 %, mais c'est la troisième hausse en moins de six mois) et de l'électricité (13 %). La situation est illustrée par le témoignage d'une femme de ménage à Maputo : « Maintenant, on achète un sac de riz de 25 kilos 2 000 méticals, je n'en gagne que 1 500 ; Comment dois-je faire pour survivre ? »

Le gouvernement se retranche derrière l'augmentation des cours mondiaux des céréales, principalement due aux manoeuvres spéculatives. Également mise en cause, la crise financière, qui a provoqué une dépréciation de la monnaie nationale par rapport à la devise sud-africaine (43 % depuis le début de l'année). Or le Mozambique dépend grandement des importations de produits de première nécessité en provenance d'Afrique du Sud.

En fait, une grande majorité des 23 millions de Mozambicains vit dans une extrême pauvreté, dont l'impérialisme est pleinement responsable. Ce pays, l'un des premiers pays d'Afrique à avoir été colonisé, fut exploité durant cinq siècles par le Portugal. Victime à grande échelle du trafic des esclaves, en direction du Brésil notamment, il fut vidé de ses forces vives et tout développement fut entravé.

Au milieu des années soixante éclata la guerre de libération, qui devait mener à l'indépendance du Mozambique le 25 juin 1975. Mais l'impérialisme et ses alliés ne voulaient pas que le Frelimo, parti nationaliste arrivé au pouvoir, considéré alors comme radical, puisse servir d'exemple à d'autres peuples, notamment contre le régime de l'apartheid qui sévissait alors en Afrique du Sud. Le régime sud-africain suscita donc une rébellion armée au Mozambique avec le Renamo. Cette guerre civile dura jusqu'en 1992, faisant près d'un million de victimes.

Le pays sortit de ces épreuves véritablement exsangue. Et alors qu'il regorge de richesses potentielles, notamment minières et énergétiques, la majorité de sa population vit dans un dénuement extrême. Pire, elle doit aujourd'hui subir les conséquences de la spéculation capitaliste qui prend pour cibles le blé et le riz, quitte à affamer des millions de pauvres.

Au Mozambique, la colère de la population n'a sans doute pas fini de s'exprimer.

Partager