« Déchéance de la nationalité » : Même sans morsure, reste le venin10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

« Déchéance de la nationalité » : Même sans morsure, reste le venin

Lançant au mois de juillet la campagne xénophobe du gouvernement, Sarkozy avait fait feu de tout bois pour montrer que son gouvernement était ferme. Impuissant devant la crise, soumis aux groupes capitalistes, en chemin vers la banqueroute du budget public, il s'agissait de montrer sa force en faisant connaître qu'on expulsait les familles de Tsiganes roumains, en détruisant des bidonvilles et en envoyant les gendarmes patrouiller dans quelques cités « sensibles ». Pour faire bonne mesure, Sarkozy avait parlé de déchoir de leur nationalité les naturalisés depuis moins de dix ans ayant agressé des policiers, condamnés à des peines de prison de plus de cinq ans, ou polygames. Bref, le danger venait de l'étranger, surtout misérable, et Sarkozy se dressait contre.

Mais la démagogie xénophobe est une chose et la loi, pour l'instant, en est une autre. Il est interdit par les conventions internationales de fabriquer des apatrides, la polygamie a des frontières extrêmement mouvantes et difficiles à définir, la Constitution interdit de distinguer entre « les citoyens suivant leur origine ». Au moment de présenter son projet de loi sur la sécurité au Parlement, il ne survivrait plus des amalgames racistes de Sarkozy, selon ses propres dires, que le projet de déchoir de leur nationalité les naturalisés depuis moins de dix ans ayant porté « atteinte à la vie d'une personne dépositaire d'une autorité publique, en particulier les policiers et les gendarmes », formulation remarquablement floue. Tout cela fait beaucoup de bruit pour bien peu de cas et évidemment n'arrêtera pas les délinquants recourant à la violence pour échapper à la police.

De tout cela il ne restera donc que ces discours qui auront agité et renforcé les préjugés les plus dangereux et remis au goût du jour des phrases et des comportements dignes de démagogues d'extrême droite.

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