École maternelle : De moins en moins de places10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

École maternelle : De moins en moins de places

En école maternelle aussi la rentrée est problématique. Les médias se sont fait l'écho de parents furieux de voir que leur enfant, qui doit avoir 3 ans dans l'année 2010, ne trouve pas de place à l'école, bien qu'ils aient fait la démarche administrative pour l'inscrire. C'est entre autres le cas à Marseille.

Le recteur de l'académie d'Aix-Marseille a précisé que l'inscription ne signifiait pas forcément l'admission. Sa circulaire - mais la mesure n'est pas propre à cette académie - précisait que « hors ZEP (zone d'éducation prioritaire), seuls les élèves ayant atteint l'âge de 3 ans au jour de la rentrée sont comptabilisés pour un éventuel ajustement ». Les autres, qui auront 3 ans avant la fin de l'année 2010, seront sur une liste d'attente. Les parents se sont ainsi retrouvés devant le fait accompli, sans avoir le moyen de faire garder leur enfant, et priés d'attendre une place hypothétique.

C'est une étape supplémentaire dans la dégradation de la scolarité des tout-petits. Voilà des années que, rentrée après rentrée, les enfants de 2 ans sont privés d'école. D'après les statistiques ministérielles, au niveau national en 2005-2006 ils étaient encore 24,5 % scolarisés, ce qui est déjà un chiffre ridiculement faible ; mais en 2009 ils n'étaient plus que 11,6 %. La disparité est très grande selon les régions, mais le taux est partout en baisse. La Bretagne, qui avait le taux de scolarisation le plus élevé d'enfants entre 2 et 3 ans, a vu les effectifs réduits de cinq points par rapport à l'an dernier. Le recteur de l'académie de Rennes avait déjà déclaré il y a un an : « Pour des raisons budgétaires et pédagogiques, nous ne pouvons plus accueillir tous les enfants de 2 ans. ». Le « pédagogique » est de trop !

Le problème est uniquement budgétaire et ce sont les enfants qui paient les pots cassés. Le ministère met en avant le fait que, dans les zones défavorisées, la scolarisation des 3 ans est assurée. Mais bien souvent les établissements classés en ZEP ne regroupent qu'une partie des élèves en difficulté.

Par ailleurs, de quelle scolarisation peut-on parler quand les classes sont surchargées, quand elles comptent plus de 30 élèves en maternelle ? Et pourquoi éliminer les enfants de 2 ans qui, surtout dans les milieux modestes, ont absolument besoin de l'encadrement de l'école, de la socialisation, de l'éveil intellectuel qu'elle suscite et de l'apprentissage de la langue, en particulier - mais pas seulement - pour les enfants issus de familles où on ne maîtrise pas le français ?

Darcos, ancien ministre de l'Éducation, avait décrété que le rôle des enseignants en maternelle était de « changer les couches ». Il ne faisait qu'ajouter le mépris à une politique de sabotage de l'éducation qui s'accélère, au détriment des enfants et, pour les parents qui en ont les moyens, au bénéfice des jardins d'enfants dans le privé.

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