Grande-Bretagne : Blair chassé a coups de pompes10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Blair chassé a coups de pompes

L'ancien premier ministre travailliste Tony Blair a finalement renoncé à la séance publique de signature de ses "Mémoires", qu'il avait prévu de tenir le 8 septembre, à Londres.

Après le rôle plutôt falot qu'il avait joué au Moyen-Orient en tant qu'envoyé spécial du "Quartet" (ONU, USA, Russie, Union Européenne), et sa tentative ratée pour se placer dans la course à une hypothétique présidence de l'Union Européenne, cet ouvrage devait marquer le retour de Blair sur la scène politique. Dans ce but, sa sortie avait été accompagné d'une bruyante campagne médiatique des deux côtés de l'Atlantique et Blair avait prévu une tournée de séances de signatures dans les capitales du monde anglophone.

Prudent, Blair avait néanmoins choisi de commencer par Dublin, le 4 septembre, plutôt que par Londres. Si son but était de "prendre la température", il en aura eu pour son argent. Car celui que la presse irlandaise encensait ce jour-là comme l'artisan de la "paix" en Irlande du Nord, s'est trouvé face à des centaines de manifestants en colère, venus lui rappeler son rôle dans les sales guerres d'Irak et d'Afghanistan. Face à une pluie de chaussures et autres projectiles, Blair dut battre en retraite piteusement derrière la police anti-émeute.

C'en est donc fini de la tournée des popotes qu'avait voulu Blair, pour le moment en tout cas, mais pas forcément de ses ambitions politiques. En attendant, il s'est reconverti dans les affaires, en créant un réseau d'entreprises de conseils financiers, dont l'une, au moins, s'intéresse plus particulièrement au pétrole irakien ! Après avoir aidé le grand capital à s'enrichir sur le dos des populations lorsqu'il était au pouvoir, il met désormais toute son énergie à s'enrichir lui-même.

Quant à savoir si Blair a la moindre chance de regagner les faveurs de l'électorat populaire, on peut en douter. Les dix années de politique anti-ouvrière du parti travailliste sous sa direction ont laissé des marques profondes dans la classe ouvrière qui ne lui pardonne pas plus l'aggravation de ses conditions de vie que sa politique criminelle en Irak.

Mais Blair pourrait avoir d'autres ambitions. Il s'est servi de ses "Mémoires" pour se poser en homme d'Etat, responsable d'un système qu'il a tout fait pour défendre contre les pressions de son propre parti. Lors des nombreux interviews que lui ont consacrées les chaînes de télévision, on a pu l'entendre apporter son soutien à la brutale austérité de la coalition des partis Conservateur et Libéral-Démocrate aujourd'hui au pouvoir. De là à penser que Blair se voit déjà, en cas d'aggravation de la crise, en homme "providentiel" qui, comme lors de la Grande Dépression des années 1930, pourrait réunir les trois grands partis parlementaires au sein d'un gouvernement d'union nationale pour faire payer la population laborieuse, il n'y a pas loin.

Partager