Négociation sur la pénibilité au travail : Le prétexte pour faire accepter tout le reste10/09/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/09/une2197.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Négociation sur la pénibilité au travail : Le prétexte pour faire accepter tout le reste

Le gouvernement a laissé entendre, qu'en fait de concessions, il fera un petit geste sur le volet de la « pénibilité » de son projet de loi sur les retraites.

Par exemple, Claude Guéant, le vrai-faux ministre conseiller de Sarkozy, a annoncé que le gouvernement ferait dans les prochains jours des propositions supplémentaires en ce qui concerne « la pénibilité, les carrières longues et les polypensionnés ». Déjà, François Fillon avait évoqué la modification des « critères » prenant en compte la pénibilité. Un amendement UMP, présenté par le rapporteur du projet de loi, propose que des accords de branche puissent être signés sur ce volet... ce qui n'engage évidemment à rien.

Dans le projet de loi, le volet « pénibilité » ressemble en effet à une vaste fumisterie. Il accorderait généreusement le maintien de la retraite à 60 ans aux salariés pouvant justifier médicalement d'un taux d'incapacité de 20 %, à la suite d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail. Ce dispositif ne concerne donc que des salariés souvent exclus du monde du travail par décision de leurs patrons. Aucune mesure générale n'a été envisagée concernant les métiers difficiles, les branches professionnelles éprouvantes, non, seulement des mesures individuelles, contrôlées, vérifiées, avérées. D'après les chiffres gouvernementaux eux-mêmes, cette mesure ne concernerait que 10 000 salariés par an. Chiffre dérisoire, inférieur aux besoins de la seule branche du bâtiment.

Pourtant, cela fait des années que syndicats et patronat discutent à n'en plus finir sur cet aspect. Qu'est ce qu'un métier pénible ? À partir de quel âge est-ce insupportable ? Car il est évident que la pénibilité, reconnue du bout des lèvres pour les travaux de force ou sur les chaînes, est beaucoup plus générale que ce que gouvernement et patronat veulent admettre. Le stress, la pression du travail et des chefs, les actes répétitifs, l'accroissement de la productivité obtenue par l'intensité du travail, sont le lot commun de la plupart des salariés. Selon une enquête gouvernementale, 56 % d'entre eux, soit près de dix millions de personnes sont soumises au moins à une pénibilité physique. En fait, à l'exception de quelques professionnels privilégiés régulièrement interrogés par la presse et qui déclarent qu'ils ne veulent pas cesser de faire leur travail, car il les intéresse, la très grosse majorité des emplois sont pénibles, et le sont de plus en plus lorsqu'on dépasse les cinquante ou soixante ans.

La CFDT, depuis longtemps, a fait de cette discussion sur la pénibilité, son cheval de bataille. François Chérèque a encore appelé le gouvernement à introduire des modifications sur ce volet, déclarant que ce sera « un signe d'ouverture permettant de reprendre enfin le dialogue ». Mais de toute évidence, la reconnaissance de la pénibilité pour une toute petite minorité de salariés servirait alors à faire accepter l'aggravation de la situation pour le plus grand nombre : il faut exiger le maintien de la retraite à 60 ans !

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