- Accueil
- Lutte ouvrière n°2187
- Hausse du prix du gaz le 1er juillet : Au profit des actionnaires de GDF Suez
Leur société
Hausse du prix du gaz le 1er juillet : Au profit des actionnaires de GDF Suez
La commission de régulation de l'énergie (CRE), autorité prétendument indépendante, a donné son accord pour une augmentation du prix du gaz, comprise entre 2 et 4,7 %, le 1er juillet. Si ce dernier taux était retenu, comme il est probable, cela signifierait qu'en quatre ans et demi, en dépit d'une baisse momentanée de 11,3 % en avril 2009, les prix auront augmenté de 43 %.
La ministre de l'Économie, Christine Lagarde, inquiète de la réprobation publique, a demandé à GDF Suez et à la CRE de pratiquer une pause... non pas le 1er juillet, jour de la hausse, mais après et jusqu'à la fin 2010. On ne saurait mieux se moquer du monde. Il n'est même pas dit que la CRE accepte cette proposition...
On nous a dit et répété que la France, qui achète 97 % de son gaz naturel à l'étranger, doit répercuter ses dépenses sur les factures. On nous a dit aussi que les tarifs du gaz étaient liés à ceux du pétrole.
En réalité, les choses ne sont pas aussi simples. Il est vrai qu'en Europe (pas seulement en France) ce sont des accords à long terme qui prédominent entre fournisseurs (Russie, Norvège, Algérie, Pays-Bas, etc.) et sociétés gazières importatrices. Mais depuis quelques années la production mondiale de gaz est devenue largement excédentaire. À cela il y a deux raisons : la crise d'une part, qui ralentit la consommation et la mise en exploitation de gisements de schistes contenant du gaz, qui jusqu'à une date récente n'étaient pas jugés rentables. Du coup, en Amérique du Nord où cette technique se développe, il y a surproduction de gaz et effondrement des prix. Et comme les États-Unis importent moins de gaz, la surproduction se répercute aussi en Europe. Si bien que les cours du gaz au jour le jour (marché dit spot) sont aujourd'hui inférieurs de moitié aux tarifs des contrats à long terme.
Il est en tout cas absurde de continuer à maintenir l'indexation du gaz sur le pétrole, ce qui n'a aucune justification.
Jusqu'à une date récente, Gaz de France était une société nationale, à laquelle on aurait pu demander, en période de crise, de ne pas pénaliser les usagers. Mais GDF a été bradée à Suez et ce groupe a annoncé 4,47 milliards d'euros de bénéfice en mars de cette année, contre 6,50 l'année d'avant. Et l'objectif de GDF Suez, c'est de renouer avec les plantureux bénéfices passés, au détriment des consommateurs.
Quels consommateurs au juste ? Pour les usagers ordinaires, la messe est dite. Mais pour les gros industriels, quels sont les tarifs ? Ils sont secrets et voici ce qu'en dit le magazine l'Usine nouvelle : « Ces grilles tarifaires sont confidentielles, nous avons peu accès à cette information. » Et selon ce même journal, un certain nombre d'industriels ont abandonné GDF Suez pour se fournir directement au marché spot, à moitié prix, en prenant toutefois des risques, si un jour le marché se retournait.
Les usagers ordinaires, qui ne peuvent pas jongler avec les contrats à long terme et le marché spot, et à qui on avait promis que la libéralisation du marché de l'énergie devait entraîner une baisse des prix, en ont plus qu'assez de brûler des calories pour réchauffer les bénéfices de GDF Suez.