Train de vie de l'État : Une fausse austérité pour cacher la vraie01/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2187.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Train de vie de l'État : Une fausse austérité pour cacher la vraie

Dans une lettre adressée à Fillon et immédiatement rendue publique, Sarkozy annonce que l'État va se mettre à la diète, car il serait urgent de « redresser les comptes publics ». La fonction publique est pourtant déjà au régime sec depuis belle lurette et cela se traduit, se réjouit le président, par la suppression de 100 000 postes de fonctionnaires, représentant une économie de sept milliards d'euros par an.

Mais voilà, les infirmières débordées de travail, les instituteurs aux classes surchargées, les collégiens laissés à eux-mêmes, les facteurs qui partent en tournée chargés comme des baudets et la population qui voit disparaître les services publics de proximité voient en même temps président et ministres vivre sur un grand pied. Des cigares pour 12 000 euros aux missions inutiles mais grassement payées, des ministres qui touchent leur retraite de parlementaire en plus de leur salaire jusqu'aux voyages officiels où l'on emmène ses amis, le haut personnel politique ne se prive de rien.

Au moment où ce gouvernement veut imposer à tous les salariés de travailler plus longtemps pour des retraites diminuées, les mours gouvernementales frisent la provocation. Sarkozy annonce donc que les ministres feront désormais tout ce qu'ils n'ont pas fait, lui le premier, jusque-là : être respectueux de l'argent public et irréprochables sur le plan moral.

C'est un peu tard pour faire passer ce gouvernement pour une phalange de gestionnaires intègres et désintéressés. Sarkozy ne compte sans doute pas là-dessus et ce n'est pas sa lettre qui contraindra ministres et secrétaires d'État à se transformer en moines trappistes.

Mais en mettant le doigt sur le train de vie de ses ministres, Sarkozy voudrait faire prendre l'ombre pour la proie. Car ce ne sont pas les dépenses personnelles des ministres, aussi éhontées soient-elles, qui ruinent les finances publiques. C'est leur politique de cadeaux constants, et d'un montant autrement considérable, aux capitalistes. La dette publique est actuellement de 1 500 milliards d'euros, en constante augmentation du fait des cadeaux faits aux grandes banques et aux groupes industriels, des subventions distribuées à tout-va, des dégrèvements de cotisations sociales, etc.

C'est pour contrebalancer une partie de ces dépenses que le gouvernement supprime des postes de fonctionnaires par dizaines de milliers chaque année, sabre les services publics et fait des économies sur tout ce qui est utile à la population. Cette austérité-là, réelle, appliquée avec constance par le gouvernement, les travailleurs n'ont aucune raison de l'accepter, quand bien même Sarkozy contraindrait Blanc à fumer du gris et les ministres à payer leur loyer.

Partager