Afghanistan : Impasse sanglante01/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2187.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : Impasse sanglante

Le mois de juin a été le plus meurtrier de toute la guerre. Lundi 21 juin, dix soldats de l'Otan, Américains, Australiens ou Canadiens, ont été tués au cours d'une journée particulièrement meurtrière. Un hélicoptère s'est écrasé au sol à Kandahar, faisant quatre victimes. Cinq militaires ont trouvé la mort lors de l'explosion de bombes artisanales dans trois secteurs différents. Enfin, un soldat a été tué lors d'un accrochage avec des insurgés.

Vendredi 18 juin, c'est un soldat français qui a été tué. Pour les différents contingents engagés depuis 2001 dans ce conflit, les bilans s'alourdissent : 300 soldats britanniques, 148 Canadiens, 44 Français et plus de 1 000 soldats américains tués.

Si le Pentagone prétend voir dans la situation de légers progrès, le dernier rapport des Nations unies qui mesure la situation au 1er trimestre 2010 dit au contraire que la situation « ne s'améliore pas ». Selon l'ONU, les explosions de bombes auraient augmenté de 94 % par rapport à la même période un an avant. Les assassinats de responsables afghans auraient progressé de 45 %. Il y aurait enfin chaque semaine trois attentats-suicides. Quant aux civils tués par les soldats de la coalition, leur nombre aurait doublé pendant cette période.

Enfin, selon un centre de recherches militaires du Maryland, la proportion de soldats revenus de mission en Irak ou en Afghanistan souffrant de stress post-traumatique, de dépression, de problèmes d'alcool ou de violence serait actuellement de 14 %, soit un soldat sur sept. Il apparaîtrait que, loin de se calmer avec le temps, les troubles mentaux augmenteraient un an après le retour des soldats, au point que les chercheurs pensent que l'état psychique de ceux qui retournent en mission dans ces pays « pourrait compromettre le succès des opérations et menacer la sécurité des unités ».

Mais évidemment c'est la population afghane qui paye le plus lourd tribut à l'intervention. Rien que samedi 19 juin, cinq civils ont été tués par un raid aérien de l'Otan. Parmi eux, il y avait trois enfants âgés de 7 à 14 ans. Et, à côté de près de deux mille soldats occidentaux tués, ce sont d'innombrables Afghans, majoritairement des civils, qui sont morts et des millions dont la vie courante est pourrie par les ravages matériels engendrés par le conflit.

Un rapport récent des Nations unies fait état de la progression de la consommation de drogues dans la population afghane, découlant des bouleversements causés par l'occupation militaire. Celle de l'opium aurait progressé de 53 % et celle de l'héroïne de 140 %. Au total un million d'Afghans, âgés de 15 à 64 ans, auraient une dépendance à la drogue.

Face à cela, les dirigeants de la coalition, en tête bien sûr les États-Unis, campent sur leurs positions. Comme dans le même temps la pression des insurgés ne faiblit pas, la population afghane reste finalement prise dans une tenaille qui n'en finit pas de l'écraser.

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