Mali : Les islamistes s'opposent à toute remise en cause du statut moyenâgeux de la femme01/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2187.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : Les islamistes s'opposent à toute remise en cause du statut moyenâgeux de la femme

Cet article est extrait du mensuel Le Pouvoir aux travailleurs daté du 14 juin 2010 édité par nos camarades de l'Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes.

Les dirigeants et militants islamistes regroupés au sein de la Ligue malienne des imams et des érudits (Limana) ainsi que ceux du Haut Conseil islamique du Mali (HCI) font feu de tout bois contre ceux qui veulent toucher au Code de la famille en vigueur au Mali, ne serait-ce que pour améliorer un tout petit peu le statut de la femme.

Rappelons que le président malien avait dû faire marche arrière en août dernier lorsqu'il avait envisagé d'apporter des modifications au statut de la femme dans le Code actuellement en vigueur, en remplaçant par exemple le « devoir d'obéissance de l'épouse envers son mari » par le « respect mutuel des époux ». Il avait été également prévu, entre autres, qu'en matière de droit de succession l'égalité soit de mise entre garçons et filles, ou de fixer l'âge légal du mariage à 18 ans au lieu de 15 actuellement. Toumani Touré, tout courageux qu'il se disait, avait battu en retraite devant la mobilisation islamiste. Même dans son propre camp il n'avait pas trouvé de soutien affirmé. À l'appel des imams réfractaires à toute idée de donner à la femme un peu plus de droits et de dignité, ne serait-ce que sur le papier, plusieurs dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées au stade de Bamako en brandissant des tablettes de sourates du Coran. « On ne se reconnaît pas dans ce texte importé d'Occident », avait déclaré le secrétaire général du HCI.

Le nouveau texte a donc été renvoyé aux calendes grecques. Pour tenter de sauver la face, le président malien l'avait renvoyé devant l'Assemblée nationale pour révision. Mais quel député oserait actuellement lever son petit doigt pour affronter la hargne des islamistes qui tiennent le haut du pavé et qui veulent régenter la société malienne tout entière ? Et s'il se trouve une personnalité qui ose prendre le contre-pied de leur conception réactionnaire, elle est traitée comme un ennemi à abattre.

C'est ce qui est arrivé à l'imam de Kati qui, tout dignitaire musulman qu'il soit, a osé défendre le texte du nouveau Code en écrivant dans une lettre ouverte qu'il ne « voit pas en quoi ce Code porte atteinte à nos valeurs socio-culturelles, encore moins à l'islam ». Mal lui en a pris car il a été accusé de trahison par ses compères du Limana et du HCI. Menacé de mort, il a dû quitter le ville de Kati pour se cacher dans un lieu plus sûr. D'autres personnes ayant pris ouvertement position pour le nouveau Code ont également reçu des menaces sur leur personne ou sur leur famille.

Ces dignitaires tout droit sortis du Moyen Âge ne sont pas encore au pouvoir, mais ils agissent comme s'ils l'étaient déjà. Ils se croient tout permis et sont sûrs de leur impunité. Ce sont des ennemis de l'émancipation de la femme et du progrès social dans ce pays. Ce sont aussi des ennemis de tous les exploités.

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