L'affaire Woerth : Les petits rouages de l'État bourgeois01/07/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/07/une2187.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'affaire Woerth : Les petits rouages de l'État bourgeois

L'affaire Woerth révèle de nouveaux faits qui illustrent les liens entre l'appareil d'État et la grande bourgeoisie. Ont ainsi été mis en lumière quelques-uns des réseaux d'influence à travers lesquels capitalistes et hommes politiques se fréquentent et s'influencent.

On a rappelé qu'Éric Woerth, en plus de ses multiples casquettes, était responsable des finances de l'UMP, et notamment des dons reçus en provenance des plus riches patrons du pays. Les capitalistes veulent bien donner de l'argent à un parti politique, mais ils espèrent des contreparties. Il a créé une sorte de club très fermé au sein de l'UMP, le Premier cercle Premium, dont la cotisation oscille entre 3 000 et 7 500 euros par an. Pour cette somme, les généreux donateurs ont le droit de rencontrer « environ tous les trois mois » le président de la République lui-même. Et l'appartenance au club donne droit, comme l'a raconté le Journal du dimanche, à quelques autres menus avantages, une Légion d'honneur par-ci, un dîner offert dans les hôtels particuliers de la République par-là, etc.

Un de ces dîners a réuni, au printemps 2008, Eric Woerth et son épouse (gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt), Patrice de Maistre, autre gestionnaire de la même fortune et, en vrac, « un ancien de la banque Rothschild, plusieurs financiers, un industriel en délicatesse avec le fisc, et Robert Peugeot ».

Tout ce beau monde se connaît bien, car on part régulièrement à la chasse ensemble, en Tanzanie, en Écosse ou au Canada « où le beau-père de l'un d'entre eux a un territoire de chasse grand comme la Belgique. »

Patrick de Maistre, modeste membre de ce club, illustre ce qu'est la bourgeoisie d'aujourd'hui. Discret, inconnu du grand public jusqu'aux révélations récentes, ce monsieur a fait sa carrière au sein des réseaux politiques et financiers et doit sa fortune à quelques beaux mariages : d'abord avec la fille d'un capitaliste ayant fait fortune dans les colonies, grand propriétaire de forêts au Gabon ; puis avec Anne Dewavrin, ex-femme de Bernard Arnault et surtout héritière d'une des plus grandes familles d'industriels du Nord.

Ces mariages auront permis à Patrice de Maistre de s'introduire dans les milieux de la grande bourgeoisie et de la politique, et de devenir gestionnaire de la fortune de la première milliardaire de France, en créant une société dont le rôle consiste à envoyer discrètement de l'argent dans les paradis fiscaux.

Partager