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Grèce : Nouvelle grève générale contre les attaques du gouvernement
Le mardi 29 juin, les syndicats grecs ont appelé à la cinquième journée de grève générale et de manifestations depuis le début de l'année. La confédération du secteur public (Adedy) et celle du secteur privé (Gsee) ont organisé des manifestations dans toutes les grandes villes du pays.
La tendance syndicale du Parti Communiste, Pame, a organisé comme à son habitude des rassemblements séparés. Une grande partie du secteur public a été paralysée et 15 000 manifestants se sont retrouvés à Athènes pour réclamer le retrait de la réforme des retraites.
Le gouvernement a en effet adopté vendredi 25 juin le projet de loi sur les retraites, qui devrait être voté le 8 juillet et appliqué par étapes jusqu'à 2013. Ce projet prévoit que l'âge de départ en retraite sera porté à 65 ans pour tous les salariés du public et du privé, hommes et femmes, alors qu'elle peuvent partir à 60 ans. Il faudra 40 ans de cotisations, au lieu de 35 ou 37 ans, pour percevoir une pension complète. Cela pénalisera tous ceux qui pouvaient bénéficier d'une retraite anticipée, dont les mères de famille, en particulier dans la fonction publique. Ainsi, une mère de famille ayant des enfants mineurs, qui pouvait partir à 50 ans avec une retraite de 730 euros, devra attendre d'avoir 60 ans pour toucher 742 euros.
Le taux des pensions va aussi baisser à 64 % du salaire au lieu de 70 à 80 % aujourd'hui. Dans la fonction publique, à partir de 2015, les pensions pourraient être réduites encore davantage, puisqu'elles seront composées d'une pension de base et d'une pension « proportionnelle » aux contributions versées pendant la vie professionnelle. Enfin, la pension minimum sera de 360 euros !
Quant à ceux qui sont déjà retraités, on ne les oublie pas : dès le 1er août 2010, au titre de la solidarité, toutes les pensions supérieures à 1 400 euros seront affectées d'une retenue à coefficient progressif, de 3 à 10 %.
Mais un autre projet a exaspéré les travailleurs grecs : celui sur les « relations du travail », qui prévoit une réduction de 50 % de l'indemnité de licenciement, une augmentation de 5 % du seuil des licenciements, la suppression du droit unilatéral pour recourir à un arbitrage en cas de conflit - autrement dit, il faudrait attaquer son patron avec son accord !
Enfin, le gouvernement prévoit d'instaurer des smics « jeunes » : 80 % du salaire minimum (592 euros) pour les moins de 21 ans, 85 % (629 euros) pour les moins de 25 ans. Même si la législation du travail est bien souvent tournée par le patronat, en Grèce comme ailleurs, ce projet remis aux partenaires sociaux, pour discussion, est une véritable escroquerie.
En dehors des journées de grève générale, les débrayages, grèves et manifestations en tout genre n'ont jamais cessé. Rien que depuis la mi-juin, les travailleurs du chemin de fer ont fait trois jours de grève contre la privatisation du réseau ; ceux du métro d'Athènes, trois jours aussi pour protester contre le licenciement de 350 contractuels ; les employés de la radio-télévision ont multiplié les arrêts de travail ; le personnel de santé manifeste contre la situation catastrophique des hôpitaux publics, où le matériel et les fournitures manquent. L'État n'ayant pas payé les fournisseurs, ceux-ci refusent de les approvisionner.
Le 1er juillet, la hausse de la TVA de 21 à 23 % va entrer en vigueur, le chômage a augmenté avec la fermeture, entre autres, de nombreux petits commerces - 16 000 selon la Fédération nationale du commerce. Les fonctionnaires ont vu disparaître leur prime de vacances.
Ce sont autant de raisons de continuer à protester contre cette politique d'austérité qu'à des degrés différents tous les gouvernements européens présentent aux travailleurs comme la seule issue à la crise, mais qui exprime en fait la volonté du patronat de faire payer les classes populaires.