Les équipementiers automobiles face à la crise : Les profits d'hier doivent servir à garantir les emplois17/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2107.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les équipementiers automobiles face à la crise : Les profits d'hier doivent servir à garantir les emplois

Les groupes automobiles comme Renault et PSA Citroën anticipent la baisse de leurs ventes, réduisant leur production, mettant en chômage partiel des milliers de travailleurs et licenciant les intérimaires et les CDD. De leur côté, les industriels qui produisent des équipements pour l'industrie automobile en profitent, eux aussi, pour « redimensionner leur dispositif », selon l'expression d'un dirigeant de Faurecia. Ils planifient des licenciements économiques importants, expliquant, comme la direction du groupe Bosch, qu'ils ont « besoin d'un ajustement de personnel ».

En fait, la plupart de ces fournisseurs sont soit des filiales de géants de l'industrie automobile, soit appartiennent à des groupes industriels comprenant des dizaines de milliers de salariés.

Faurecia, qui est le numéro un français de l'équipement automobile, emploie 60 000 personnes dans 28 pays différents, fournissant à Mercedes, Chrysler, Fiat, Volskwagen et PSA Peugeot-Citroën, etc., les sièges et des systèmes d'échappement. Il annonce la suppression de plus de 1 200 emplois. Par précaution en quelque sorte, car cette filiale à 71 % de PSA Peugeot-Citroën se porte bien, avec des résultats en 2007 marqués par « une croissance soutenue ».

Valeo, son concurrent, lui aussi présent dans de nombreux pays et employant des dizaines de milliers de salariés, annonce pour le premier semestre 2008 un résultat net en hausse de 41 % par rapport au précédent semestre, permettant à ses actionnaires de se partager en pleine crise quelques millions d'euros de dividendes.

La Française de Mécanique, détenue par PSA et Renault, annonce aussi de bons résultats pour le premier semestre 2008, mais anticipe les conséquences de la crise en procédant à des licenciements collectifs. Son directeur général annonce déjà « qu'il faudra poursuivre ces efforts d'adaptation », ce qui en langage de patron signifie que de nouveaux travailleurs seront jetés à la rue pour éviter que « la marge financière » de l'entreprise ne soit entamée et les dividendes des actionnaires écornés.

Chez Continental France, filiale du géant allemand du pneumatique Continental, des menaces pèsent sur l'emploi des 1 200 salariés de l'usine de Clairoix (Oise). Les usines d'Asnières (Hauts-de-Seine), de Rambouillet (Yvelines) risquent de fermer. La direction compte faire, aux dépens des travailleurs, les 3,5 millions d'euros d'économies qu'elle estime nécessaires. Déjà le nombre des travailleurs intérimaires est passé de 300 à 50 et du chômage partiel est annoncé. Pourtant, le groupe Continental a annoncé un milliard de bénéfice en 2007.

Bosch, groupe allemand qui emploie plus de 270 000 salariés de par le monde, dont plus de 9 000 en France, a d'ores et déjà supprimé des centaines de postes précaires, réduit les horaires de travail et annoncé du chômage partiel dans ses usines allemandes, tandis qu'en France les contrats des travailleurs en CDD ne sont plus renouvelés et des licenciements économiques sont programmés.

BASF, leader mondial de l'industrie chimique et producteur des peintures pour l'industrie automobile, qui a réalisé en France en 2007 un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros, n'entend pas prendre de risque pour les mois qui viennent. Il a décidé de réduire de 20 % ses effectifs, de recourir au chômage partiel. En France, le groupe annonce 1 000 suppressions d'emplois, non parce qu'il est en difficulté mais « pour réduire ses coûts » et garantir ses marges, bien sûr.

Ainsi, les profits accumulés au cours des années passées grâce au travail de centaines de milliers de travailleurs de l'industrie automobile et de ses équipementiers n'ont servi qu'à enrichir les actionnaires de ces groupes. Et aujourd'hui, sous prétexte que leur économie est en difficulté, il faudrait que les travailleurs acceptent de servir de variable d'ajustement !

Pas question !

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