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Dans les entreprises
ArcelorMittal : Profits et licenciements augmentent en même temps
Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a annoncé 3,8 milliards de dollars de bénéfice pour le troisième trimestre, soit 28 % de plus que l'an passé pour la même période. Sur cette somme, 2,3 milliards de dollars seront versés en dividendes aux actionnaires.
Dans le même souffle, la direction du groupe annonce qu'elle va réduire sa production et procéder à des milliers de licenciements dans ses usines et ses bureaux, dont 1 400 « départs volontaires » en France, suite d'une cascade de suppressions d'emplois permanente depuis des années. De plus, la fermeture temporaire ou partielle des usines de Mittal entraîne le licenciement de fait de tous les travailleurs en contrat précaire, la fin des chantiers pour les ouvriers des entreprises extérieures, le chômage pour ceux des entreprises sous-traitantes, la baisse des salaires pour les ouvriers du groupe. Le nombre global d'emplois ainsi supprimés est impossible à estimer mais il est certain qu'il est catastrophique pour des régions entières. ArcelorMittal ne s'en préoccupe pas. Son unique souci est, comme le groupe le proclame hautement, de « verser de gros dividendes, sans risque, à ses actionnaires ».
Le journal Le Parisien - Aujourd'hui a demandé au directeur général d'ArcelorMittal France, Daniel Soury-Lavergne, s'il comprenait « l'aspect choquant qu'il y a à supprimer des emplois tout en continuant à verser de généreux dividendes aux actionnaires ». Ce dernier a eu le front de dire que de nombreux salariés étaient actionnaires du groupe et « qu'on ne pouvait pas envisager de les priver de dividende ».
Mais l'actionnariat salarié, chez Mittal comme ailleurs, est une fumisterie. Cette année le groupe a proposé 2,5 millions d'actions aux 300 000 salariés en leur concédant une remise de 10 %, avec obligation de les conserver pendant au moins trois ans. Les salariés qui en ont acheté quelques-unes toucheront 1,5 dollar par action. Ce qui, sans envisager le pire, ne compensera même pas le manque à gagner dû au chômage partiel, une fois que les congés seront épuisés.
En revanche le groupe a distribué 8,5 millions d'actions gratuites, des stock-options, à quelques centaines de hauts responsables et en particulier aux plus hauts d'entre eux, Mittal père, fils et fille. Pour les détenteurs de quelques dizaines ou centaines de milliers de stock-options, les dividendes versés commencent à représenter des sommes confortables.
Mais surtout la famille Mittal détient elle-même 43,02 % des parts du groupe, hors stock-options, et rafle donc près de la moitié des bénéfices. L'actionnaire qu'on ne « peut pas priver de dividende », c'est donc Mittal lui-même !