Ces dernières semaines, plusieurs incidents et accidents se sont produits dans les ateliers d'AFI (Air France Industrie) sur la zone aéroportuaire d'Orly.

Certains, comme l'explosion d'un amortisseur de train avant ou la chute d'une porte de soute sur des Airbus 340, auraient pu avoir des conséquences dramatiques.

Cette situation ne doit rien au hasard ou à une quelconque fatalité. Elle résulte d'une politique délibérée d'économies dans les ateliers et les hangars de la part de la direction d'Air France.

Dans le cas des deux accidents cités, cela s'était traduit par le non-remplacement de bancs d'essai et d'outillages indispensables à la maintenance des avions, par la mise à la disposition des ouvriers et des techniciens d'une documentation technique en anglais qui n'était pas à jour. Mais il y a aussi le manque de matériel de sécurité, la formation des travailleurs qui est parfois insuffisante pour les tâches que la direction exige d'eux. À cela s'ajoute une tension permanente sur les effectifs. Du coup, on a des horaires de plus en plus fatigants, avec la multiplication des roulements en 3x8, week-end compris. Même ainsi certaines professions sont en un tel manque d'effectif, que la direction déplace sans arrêt des travailleurs d'un chantier-avion sur un autre. Cela, bien sûr, a pour conséquence que ces travailleurs ne peuvent pas vraiment être au courant, alors qu'ils sont censés l'être, de tout ce qui se fait sur tel ou tel avion.

Face à tous ces problèmes et aux conséquences que cela entraîne, la seule réponse des responsables d'AFI est de sanctionner. Ainsi, à l'usine de Villeneuve-le-Roi, deux travailleurs des Équipements, accusés d'une erreur dans le traitement d'un toboggan d'évacuation d'avion, une tâche à laquelle ils n'avaient pas été suffisamment préparés, ont écopé d'une mise à pied d'un jour. Dans les ateliers voisins d'Orly-Nord, deux autres travailleurs ont reçu, dans des circonstances similaires, une lettre d'observation, ce qui peut les pénaliser du point de vue salarial.

Ainsi, la direction nous place dans des conditions où nous risquons l'accident, ou bien où nous risquons de commettre une erreur qui pourrait avoir des conséquences pour des passagers, puis, en cas de problèmes, elle se défausse de ses propres responsabilités en cherchant parmi nous des boucs émissaires.

Mais trop, c'est trop, pas question d'être les lampistes ! Et c'est ce que nous sommes allés dire à notre hiérarchie, à l'occasion de débrayages successifs et de plus en plus nombreux.

Du coup, la direction a fait un pas en arrière. Elle reconnaît maintenant qu'il y a des problèmes dans nos conditions de travail et elle s'est engagée à ce que ses sanctions n'entraînent pas de conséquences financières pour nos camarades. Sur ces deux points, entre autres, nous aurons tout intérêt à ne pas relâcher notre vigilance.