Grèce : Crise politique et marasme économique et social17/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2107.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : Crise politique et marasme économique et social

Début septembre, Costas Caramanlis, chef du gouvernement conservateur grec, déclarait : « Les réformes dans le cadre de la politique économique ont sorti la Grèce de la façon la plus douce de la procédure du déficit excessif où elle se trouvait... Nous progressons dans la bonne voie. » La révolte des jeunes, déclenchée par l'assassinat d'un des leurs, mais révélatrice du malaise social et économique, est venue démentir cet optimisme ou plutôt ce mensonge gouvernemental.

Depuis bien longtemps la Grèce a une économie chancelante. Les subventions européennes ont permis une certaine modernisation des infrastructures, entre autres pour les Jeux Olympiques en 2004 (aéroport, routes, tramways ou métro d'Athènes). Mais les dépenses pour ces Jeux se sont élevées à plus de 7 milliards d'euros, dont l'État présente la facture à la population. L'agriculture, de toute façon minoritaire dans la production des richesses nationales, est en crise et les paysans ont récemment bloqué les routes pour protester contre la baisse des prix de leurs produits, divisés par trois pour le maïs par exemple. L'industrie n'a jamais été très solide et est concentrée surtout dans le secteur de la transformation (textile, produits alimentaires) qui a perdu de nombreux emplois. La principale source de richesses (plus de 70 % du produit intérieur brut) se trouve donc dans les services : le tourisme, le commerce et en particulier la marine marchande. Mais la flotte grecque - 20 % de la flotte mondiale - est atteinte par le ralentissement du commerce international et de nombreux bateaux restent à quai au Pirée.

Le retard de l'économie grecque combiné à la crise mondiale a mené à une situation que les gouvernements successifs, de gauche ou de droite, ont fait payer à la population.

Depuis 2002, le coût de la vie est passé à 85 % de la moyenne européenne, alors que le revenu moyen plafonnait à 50 % de cette moyenne. Les prix sont européens et les salaires sont grecs. Les jeunes, la « génération 600 euros », ne trouvent que des petits boulots mal payés, et encore ! Près de 25 % des 15-24 ans sont sans travail. Officiellement, en septembre dernier, le taux de chômage des femmes était de 10,7 %, celui des hommes de 5,1 %. Mais, d'après un responsable de la Confédération syndicale du secteur privé (GSEE), on attend pour janvier 2009 une perte de 100 000 emplois, soit 5 % de chômage supplémentaire. 40 % des travailleurs gagnent moins de 1 100 euros brut et le pays compte 14 % de travailleurs pauvres, le taux le plus élevé de l'Europe des 27. En fait, beaucoup ne s'en sortent qu'en faisant un deuxième travail.

Depuis des années, mais avec une accélération sous le gouvernement de droite, les « réformes » ont toutes été dans le même sens : attaques contre les droits des travailleurs, contre la retraite (augmentation des annuités et pensions diminuées de 10 à 40 % ), privatisations d'entreprises nationales (poste, téléphone, compagnie aérienne). Les services publics sont étranglés. Le gouvernement Caramanlis, ayant du mal à trouver des capitaux sur les marchés financiers qui jugent la Grèce peu fiable, est accusé d'avoir sérieusement ponctionné les fonds de la Sécurité sociale et les hôpitaux sont étranglés par une dette de 4 milliards d'euros. Mais le gouvernement a décidé de passer le taux d'imposition des bénéfices sur les sociétés de 35 % en 2004 à 25 % en 2008. L'État vient d'accorder 28 milliards d'euros aux banques. Le budget militaire reste proportionnellement le plus élevé des pays de l'Union européenne.

Selon les sondages récents, entre 70 et 83 % de la population condamnent l'attitude du gouvernement. Mais à la question de savoir quel dirigeant politique a eu l'attitude la plus correcte dans les derniers événements, 41 % répondent « aucun » : ni Caramanlis, qui recueille 20 % d'opinions favorables, et qui reste marqué par sa politique antisociale, répressive et par les scandales politico-financiers ; ni Papandréou, leader du Parti Socialiste (Pasok), avec ses 17 %, qui ne peut faire oublier que son parti a mené la même politique de privatisations et d'attaques contre les travailleurs quand il était au pouvoir.

Les jeunes, les travailleurs de Grèce ne peuvent vraiment pas compter sur ces gens-là pour faire face à la crise.

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