Nouveau plan de relance automobile : De l'argent pour les actionnaires pas pour les salariés17/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2107.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouveau plan de relance automobile : De l'argent pour les actionnaires pas pour les salariés

Les patrons des constructeurs et des équipementiers automobiles, Ghosn de Renault et Streiff de PSA en tête, sont ressortis très satisfaits lundi 15 décembre de l'Elysée, Sarkozy s'étant engagé à accorder des aides supplémentaires à l'industrie automobile que Luc Chatel, secrétaire d'État à l'Industrie, chiffrera pour la fin janvier 2009.

Ce seront donc des milliards de plus qui leur seront versés, eux qui n'avaient pourtant pas été oubliés dans le plan présenté à Douai le 4 décembre : prime à la casse de 1 000 euros pour les véhicules de plus de dix ans et l'achat d'une voiture neuve et peu polluante, création d'un fonds de soutien aux équipementiers doté de 300 millions d'euros et octroi d'un prêt de 500 millions d'euros à chacune des filiales bancaires de PSA et Renault à un taux de 8 %.

D'après les patrons, ces mesures seraient indispensables car les ventes se sont effondrées en novembre, de moins 14 % en France, à moins 35 % aux États-Unis et jusqu'à moins 50 % en Espagne et les stocks explosent. Mais ils oublient de dire que Renault par exemple vendra en 2008 presqu'autant de voitures qu'en 2007 et qu'il a fait 1,46 milliard d'euros de profits au premier semestre 2008... Alors, pour se faire entendre, les patrons comme Ghosn n'hésitent pas à menacer : « Si la crise de financement durait » les constructeurs « tomberaient les uns après les autres », ajoutant : « Nous sommes en train de parler de millions d'emplois. »

Goshn et Streiff ont donc demandé des prêts de l'État sur deux ou trois ans à des taux particulièrement bas entre 4 et 5 %, que les banques leurs refusent. Ils reconnaissent ainsi implicitement que celles-ci, au lieu d'utiliser les milliards déjà versés par l'État pour soi-disant relancer le crédit, continuent à spéculer sur les marchés financiers à des taux bien plus élevés.

En contrepartie de ces aides, Sarkozy aurait demandé aux patrons de l'automobile de s'engager à ne pas fermer d'usines en France et à ne pas délocaliser. Et si Ghosn a fait mine de trouver cette demande normale, le PDG de PSA qui fabrique la moitié de ses voitures dans l'hexagone, s'est montré beaucoup plus discret et les rumeurs sur la fermeture d'une usine de la région parisienne vont bon train, rumeurs que la direction de PSA s'est refusée à démentir jusqu'à présent.

Depuis le début de la crise, les annonces de chômage partiel n'ont pas cessé. Chez Renault Sandouville c'est une semaine sur deux, chez PSA à Poissy l'usine est fermée pour un mois depuis le 8 décembre et à Sochaux pour la même période depuis le 9. Pendant les congés de fin d'année toutes les usines d'automobiles seront fermées au moins deux semaines. Chez les équipementiers automobiles, c'est d'ores et déjà l'annonce de licenciements, comme chez Faurecia, qui supprimera 1 215 emplois dont 700 en 2009. Et c'est sans parler des milliers d'intérimaires déjà jetés à la rue. Alors avec les patrons de l'automobile, ce sont effectivement des millions d'emplois qui sont en jeu. Car ils n'envisagent absolument pas de prendre sur les quelques seize milliards de bénéfices accumulés depuis huit ans, pour maintenir les emplois ou indemniser les intérimaires, les prestataires et tous les salariés pendant le chômage technique. Et les nouvelles aides de l'État ne leur serviront qu'à maintenir ces dividendes versés à leurs actionnaires.

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