Italie : La journée de grève du 12 décembre17/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2107.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : La journée de grève du 12 décembre

De très nombreux cortèges ont parcouru les rues des villes italiennes le 12 décembre. Le syndicat CGIL avait en effet appelé à une grève générale de quatre heures, demandant au gouvernement d'agir contre la crise.

Il est vrai que la direction de la CGIL n'avait appelé à cette journée qu'après quelques tergiversations. Depuis deux mois, étudiants, lycéens et personnel de l'Éducation ont manifesté en masse contre la réforme engagée par le gouvernement et prévoyant entre autres la suppression de plus de cent mille postes en trois ans. D'autre part, la FIOM, fédération de la métallurgie de la CGIL, avait appelé de son côté à une journée de grève pour ce 12 décembre, contre la politique gouvernementale. Il a fallu cependant que le gouvernement Berlusconi décide une rencontre avec le patronat et les deux autres grandes confédérations syndicales, la CISL et l'UIL, en ignorant ouvertement la CGIL, pour que celle-ci se décide à réagir.

C'est donc un peu contraint que le plus grand syndicat italien a appelé à la grève. Celle-ci a été largement suivie, même si les cortèges l'ont été un peu moins, peut-être en partie à cause de la pluie battante qui frappait le pays du nord au sud. À Turin par exemple, si la fonction publique était largement représentée dans la manifestation ainsi que les étudiants, les délégations des entreprises privées comprenaient surtout les militants syndicaux.

Il reste que, si la CGIL a voulu montrer au gouvernement qu'elle gardait sa capacité de mobilisation, la démonstration a été réussie. Le problème est : pour quels objectifs ?

La CGIL appelait à la journée du 12 décembre avec le slogan « contre la crise, plus de travail, plus de salaire, plus de retraites, plus de droits », en reprochant au gouvernement, face à la crise, de donner des réponses « négatives ou insuffisantes ». Dans son discours prononcé face aux manifestants de Bologne, son secrétaire confédéral Guglielmo Epifani a reproché au gouvernement de ne rien faire contre la crise et lui a demandé de « s'occuper sérieusement des problèmes des travailleurs, des jeunes, des retraités et... des entreprises ». Et de prendre l'exemple des « plans de relance » de l'économie adoptés en France, en Allemagne ou aux États-Unis.

On retrouve là l'ambiguïté habituelle, pour le moins, des dirigeants de la CGIL. Tout en dénonçant la situation faite aux travailleurs, ils s'adressent au gouvernement et au patronat et leur demandent d'agir... en se gardant de dire en faveur de qui. Dans une interview, Epifani s'est d'ailleurs adressé directement à la présidente de la confédération patronale, Confindustria, pour lui demander d'ouvrir des discussions directes sur les mesures à prendre face à la crise.

Mais pour le patronat, « agir contre la crise » signifie demander au gouvernement de l'argent, et aux travailleurs des sacrifices. Epifani ne peut pas ne pas le savoir. Alors le problème n'est pas de demander cela à Berlusconi et au patronat, c'est d'imposer que les travailleurs, les chômeurs, les retraités, la jeunesse des classes populaires ne fassent pas les frais de la crise.

Il y a urgence en tout cas, au moment où d'un bout à l'autre du pays se multiplient les fermetures d'entreprises ou les mises en chômage pour des semaines entières, souvent jusqu'en janvier, et où des dizaines de milliers de travailleurs précaires voient leur contrat se terminer sans avoir droit à aucune aide sociale. Et si les travailleurs d'Italie ont montré leur force le 12 décembre, il leur faudra maintenant l'utiliser, dans les semaines et les mois à venir, pour imposer au patronat qu'il paye lui-même la facture du désastre de l'économie capitaliste.

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