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- Lutte ouvrière n°2107
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Leur société
Encore des milliards pour les banques : C'est dur pour tout le monde !
Bruxelles a récemment approuvé le plan de recapitalisation des grandes banques françaises proposé par Sarkozy, encore président de l'Union européenne pour quelque temps, pour venir en aide aux banquiers qui ont si brillamment traversé la tempête financière de ces derniers mois.
Ainsi donc l'État doit injecter 10,5 milliards d'euros dans les finances des six principaux établissements bancaires du pays, sur les fonds publics bien évidemment. La négociation avec la Commission européenne aurait été délicate au point qu'il aura fallu, selon un quotidien économique, « plusieurs semaines d'intenses tractations ». C'est qu'il ne s'agit pas là d'aider des banques en difficulté, qui auraient été au bord de la faillite. Cela aurait alors constitué selon le même journal, « des aides d'État habituelles » ; et en effet cela semble normal aux banquiers, comme aux autres capitalistes, d'en appeler à l'argent public quand leurs profits ne sont pas au beau fixe. Mais il s'agit dans le cas précis de « banques fondamentalement saines », auxquelles il est seulement question de donner les moyens de « maintenir leur volume de crédits ». Voilà ce qui, paraît-il, posait problème à la Commission.
« Fondamentalement saines » ou non, ces banques en tout cas sont riches. La BNP Paribas, après avoir obtenu ce qu'elle appelle « le meilleur résultat de son histoire » en 2007, avec un bénéfice de 7,8 milliards d'euros, n'a pour l'instant engrangé « que » 4,4 milliards sur trois trimestres, ce qui n'est déjà pas mal. La Société Générale malgré l'ennui des 5 milliards envolés dans l'affaire Kerviel, a néanmoins empoché 947 millions en 2007, après les 5,2 milliards de 2006 ; mais en trois trimestres de 2008, elle empoche encore 1,9 milliard, pas vraiment de quoi faire appel à la charité publique ! Quant au Crédit Mutuel, qui ne signale pas vraiment de perte en 2008, il s'est offert - en cash - le rachat de Citibank Deutschland, la banque de détail de Citigroup, pour 5,2 milliards et a pris en plus le contrôle de Cofidis et de son crédit à la consommation.
Comme l'aide accordée risque de ne pas suffire, Bercy prévoit une deuxième tranche de 10,5 milliards d'aides aux banques. Il ne s'agit pas de cadeaux, répète le gouvernement, mais de « prêts » à un taux compris entre 7,5 et 8,5 %. Mais combien d'inrérêts supplémentaires l'État paiera-t-il à ces mêmes banques ou à d'autres, pour les emprunts qu'il devra contracter ? En tout cas, il ne pouvait être question pour Sarkozy que lesdites banques soient obligées de suspendre momentanément les versements de dividendes aux actionnaires, comme Bruxelles l'avait évoqué. Au chapitre des recommandations, elles devront seulement s'engager à adopter « des règles d'éthique conformes à l'intérêt général » au sujet de la rémunération des traders. On avait craint le pire !