Procès : Quand la CFDT poursuit deux intermittents du spectacle en lutte17/12/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/12/une2107.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès : Quand la CFDT poursuit deux intermittents du spectacle en lutte

Jeudi 11 décembre a eu lieu, au palais de justice de Paris, le procès intenté par la CFDT à deux participants aux luttes contre la réforme du régime des intermittents du spectacle entre 2003 et 2005 : Michel Roger, metteur en scène et directeur de la compagnie Jolie Môme, et Ludovic Prieur, animateur du web-média HNS-info. Le verdict est attendu pour le 22 janvier prochain.

Le 19 avril 2005, à l'appel de la Coordination des intermittents et précaires, une centaine de chômeurs, intermittents et travailleurs précaires envahissaient le siège national de la CFDT. En effet celle-ci - parmi d'autres organisations syndicales - avait signé le protocole de 2003, réforme injuste qui avantageait les artistes les mieux payés et excluait du système d'indemnisation ceux qui en ont le plus besoin.

Les intermittents tentaient alors, par le biais de manifestations, actions ou occupations (la précarité de ces salariés rend difficile l'exercice de leur droit de grève), d'alerter l'opinion publique.

Le 19 avril 2005, ils voulaient rencontrer Annie Thomas, secrétaire confédérale qui siégeait à l'Unedic et signait avec le Medef tous les textes rognant les droits des chômeurs, y compris les annexes concernant les intermittents. En vain. Après trois heures d'occupation pacifique, celle-ci prenait fin dans le calme. Deux ans plus tard, deux membres de la Coordination des intermittents, présents sur les lieux, étaient poursuivis pour « violation de domicile » par les dirigeants de la CFDT !

Il n'est pas si courant de voir un syndicat poursuivre en justice des travailleurs en lutte, et encore moins de diligenter une enquête pénale contre des travailleurs précaires ; enquête qui a d'ailleurs conduit la justice à abandonner les poursuites initiales pour violences, dégradations et vol, au point que le juge d'instruction a même tenté de clore le dossier ; mais la direction confédérale de la CFDT n'a eu de cesse de poursuivre pour « violation de domicile » ceux que son avocat a appelé, à l'audience, « la horde » !

Un témoin de la défense, député PCF du Puy-de-Dôme, a opportunément rappelé que l'occupation de locaux est un mode d'action auquel les salariés de la CFDT ont aussi recours, comme dans ces usines de la région de Clermont-Ferrand où la compagnie Jolie Môme avait joué en soutien aux grévistes. De quoi mettre mal à l'aise des militants de la CFDT présents à l'audience... Il a été aussi souligné que les intermittents avaient occupé pendant cinq jours le siège du Medef, sans qu'il ne porte plainte.

« Triste procès, triste justice », a dénoncé l'avocate des accusés. Triste procès, où une organisation syndicale poursuit des travailleurs en lutte et déploie les gros bras de son service d'ordre au tribunal comme pour intimider la partie adverse... Triste justice qui, souvent, stigmatise et pénalise ceux qui luttent, comme on l'a vu pour le DAL ou les Don Quichotte.

La procureur a requis une courte peine de prison avec sursis. Verdict le 22 janvier.

(D'après un entretien avec des membres de « Jolie Môme »)

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