États-Unis : Les Républicains font capoter le plan Bush01/10/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/10/une2096.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Les Républicains font capoter le plan Bush

À la surprise du monde de la Bourse et de la finance, le Congrès américain n'a pas avalisé, lundi 29 septembre, le plan de 700 milliards de dollars d'aides aux banques, assurances et autres institutions financières en difficulté, présenté comme indispensable pour sauver les économies et l'emploi de tous les Américains. Un plan soutenu par Bush, par les responsables parlementaires des deux partis ainsi que par les deux candidats à l'élection présidentielle, Obama et McCain.

La pression des électeurs en colère à la veille des élections

C'est par 228 votes contre 205 que le plan a été rejeté par la Chambre des représentants. Et ce sont les Républicains qui se sont massivement prononcés contre : 133 d'entre eux ont voté contre, alors que seuls 65 représentants républicains votaient pour. La proportion était presque inverse chez les Démocrates : 140 pour et 95 contre.

En fait, à un peu plus d'un mois des élections générales, les députés ont été soumis à la pression de leurs électeurs. Dans la semaine qui a précédé leur vote, ils ont été assaillis de lettres, de pétitions, d'e-mails, de coups de téléphone d'électeurs indignés et en colère, leur enjoignant de refuser de donner l'argent des contribuables aux riches spéculateurs. La population a en effet bien compris que c'est à elle qu'on allait faire payer les 700 milliards alloués au monde de la finance. D'ailleurs les députés élus dans les régions défavorisées ont été nombreux à se prononcer contre le plan. Il est significatif aussi que les députés dont le siège n'est pas très assuré ont voté presque tous contre le plan, qu'il s'agisse de républicains ou de démocrates. «Il est évident que certains préfèrent perdre l'économie que perdre l'élection », a déclaré un député démocrate. Par contre les députés des deux partis qui ne se représentaient pas ont presque tous voté pour le plan. D'ailleurs, pour certains, l'espoir d'obtenir un nouveau vote, favorable cette fois, repose sur la capacité de rappeler à leurs devoirs les députés « dont le siège est assuré » !

Malgré le mécontentement populaire, la majorité des Démocrates ont donc voté pour que l'argent des contribuables puisse être utilisé pour sauver les requins de la finance, avec tout ce que cela peut signifier comme hausses d'impôts, comme coupes claires dans les services publics et les programmes sociaux, comme inflation et baisse du pouvoir d'achat. Obama, qui soutenait le plan, admet maintenant avant même d'être élu qu'il ne pourra pas appliquer « immédiatement » son programme, car il faudra s'adapter à la situation.

La démagogie des Républicains

Mais la population laborieuse n'a évidemment rien à attendre des Républicains qui ont fait capoter le plan. Certains ont usé de démagogie populiste pour justifier leur vote, dénonçant le gaspillage du « bon argent des contribuables pour sauver les mauvais placements des parieurs de Wall Street », une façon populaire de s'élever contre l'intervention étatique au profit des gros. Mais la démagogie des Républicains s'adresse surtout aux « petits »... bourgeois qui n'ont aucune envie de payer plus d'impôts et qui craignent fort que les petites banques locales où ils ont placé leurs économies ne bénéficient pas des mêmes largesses que les « gros » de Wall Street. Les ténors républicains se sont livrés à des discours enflammés contre le fait de placer « la nation sur la pente glissante du socialisme » et ont défendu les vertus du marché. « La liberté économique recouvre la liberté de réussir et la liberté d'échouer. Donner au gouvernement fédéral la possibilité de nationaliser pratiquement tous les emprunts suspend cette vérité fondamentale de notre économie », a déclaré un député républicain. Les Républicains ont même présenté un plan alternatif basé sur « le libre jeu du marché », un assouplissement des règles comptables pour les établissements financiers, un système d'assurance contre les mauvais placements, et tout de même des aides de l'État sous forme de réductions d'impôts et même d'exonérations d'impôts rétroactives. Bref, des mesures destinées à plaire à la petite et moyenne bourgeoisie.

Il est maintenant question d'un nouveau vote en fin de semaine après de nouvelles négociations. Mais, que ce vote ait lieu ou pas, que ce soit une approbation ou un rejet d'un hypothétique nouveau plan, l'argent public coule déjà à flots depuis des mois pour sauver les uns après les autres les financiers défaillants, et cela continuera, avec les Démocrates ou avec les Républicains. C'est dire que la population laborieuse n'a rien à attendre du vote du Congrès ni de la prochaine élection présidentielle.

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