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Dans le monde
Alitalia : Les « bandits » reprennent la compagnie
L'accord qui est censé « sauver » Alitalia a finalement été signé par les quatre grandes confédérations syndicales, dont la CGIL qui avait accepté un premier accord-cadre mais avait ensuite rejeté les applications concrètes proposées par les repreneurs et le gouvernement ; cinq autres syndicats autonomes ont également apposé leur signature, que l'Association des assistants de vol présente comme un « consentement subi, difficile, mais nécessaire ».
Pas de quoi pavoiser, en effet ! Dans la nouvelle société, la CAI (Compagnie aérienne italienne), le modèle de statut pour le personnel sera celui de la compagnie low-cost Air One, avec laquelle elle sera fusionnée. Le personnel navigant pourra compenser la baisse de salaire de 6 % à 7 % en accroissant ses heures de vol ! Le personnel sédentaire, lui, pourra le faire en travaillant plus longtemps la nuit. Les salaires les plus bas (1 100 à 1 300 euros) ne devraient pas subir cette réduction de salaire. Quelques garanties sont données en cas de congé-maladie ou pour la prise des congés annuels. La nouvelle compagnie s'engage à garantir une « situation stable » à 12 500 personnes au lieu de 11 500 précédemment. Mais en réalité cela ne change pas le nombre de 3 250 employés que la CAI estime en sureffectif parmi le personnel actuel d'Alitalia.
Le gouvernement a jeté dans la balance tout son poids, ajouté au poids de ses médias pour calomnier ces travailleurs « privilégiés » qui préféraient conserver leurs « avantages » plutôt que de sauver la compagnie nationale, sous prétexte que les employés d'Alitalia, disposant seulement d'un statut normal et de payes relativement correctes, luttaient pour les défendre. Il a exercé tout le chantage possible, criant à la faillite pour faire plier la résistance et le moral des récalcitrants. Il a usé leur patience, au point qu'une assemblée du personnel, apprenant que la CAI jetait provisoirement l'éponge, avait scandé : « Plutôt la faillite que d'être aux mains de ces bandits ! »
Les bandits en question, ce sont la poignée d'affairistes italiens à qui le gouvernement Berlusconi fait le cadeau d'une compagnie aérienne, avec une flotte importante, des lignes assurées, le tout en état de marche. Mais les bandits, ce sont aussi les investisseur étrangers, Lufthansa ou Air France, qui, malgré les trémolos nationalistes de Berlusconi, ne sont jamais sortis du circuit et lorgnent aussi sur les lignes d'Alitalia.
Cette compagnie deviendra parfaitement rentable, selon les normes exigées par les actionnaires, quand ils auront supprimé certaines lignes et beaucoup d'emplois ; quand ils auront aussi réussi à imposer aux travailleurs les conditions de travail et la paye des compagnies low-cost, en tablant sur leur manque de réaction. Mais cela, c'est une donnée qui n'est pas garantie par la signature de l'accord, et heureusement !